La BoJ réduit ses aides d’urgence mais reste très accommodante
VOUS AIMEZ CHRÉTIENS TV? DONNEZ-NOUS LES MOYENS DE PRODUIRE DE NOUVELLES ÉMISSIONS CHRÉTIENNES EN FAISANT UN DON ICIpar Leika Kihara
TOKYO (Reuters) -La Banque du Japon (BoJ) a annoncé vendredi une réduction des programmes d’urgence mis en place face à la pandémie mais a maintenu sa politique monétaire et ses aides aux petites entreprises, laissant entendre qu’elle resterait l’une des banques centrales les plus accommodantes du monde pendant plusieurs années.
Son gouverneur, Haruhiko Kuroda, a déclaré que le coût du crédit au Japon resterait bas même après la remontée des taux engagée par plusieurs autres grandes banques centrales.
Les décisions de la BoJ, qui traduisent un optimisme prudent quant à la reprise économique, interviennent au lendemain du relèvement de taux décidé par la Banque d’Angleterre et après les annonces de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne (BCE) sur l’arrêt d’ici fin mars de leurs plans d’achats d’actifs lancés en mars 2020, au tout début de la crise du coronavirus.
La BoJ a maintenu son objectif de taux à court terme à -0,1% et celui des rendements obligataires à 10 ans autour de 0%, comme attendu par les marchés.
Elle a aussi reconduit ses programmes d’urgence en cas de pandémie pour six mois en modifiant leurs conditions afin de s’assurer que les banques commerciales continuent d’acheminer des fonds vers les petites entreprises.
En revanche, elle a décidé de réduire ses achats d’obligations d’entreprises et de papier commercial pour les ramener aux niveaux antérieurs à la pandémie à partir du mois d’avril, prenant ainsi acte de l’amélioration des conditions de financement des grandes entreprises.
Haruhiko Kuroda a déclaré lors d’une conférence de presse qu’il faudrait environ cinq ans pour ramener le portefeuille d’obligations d’entreprise détenu par la BoJ à son niveau d’avant la pandémie.
« L’inflation au Japon est bloquée autour de zéro et reste nettement en dessous de notre objectif de 2%. La réalisation de notre objectif prendra du temps », a-t-il ajouté. « Cela signifie qu’il est important que nous maintenions patiemment un soutien monétaire massif. »
Le Japon n’est pas totalement épargné par la poussée inflationniste des derniers mois liée notamment à l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières: la hausse des prix de gros a atteint 9,0% sur un an en novembre, un niveau sans précédent. Mais l’inflation de base n’a pas dépassé 0,1% en octobre, les entreprises hésitant à répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs clients.
Haruhiko Kuroda a reconnu qu’au vu de la faiblesse des hausses de salaires, il était peu probable que l’archipel connaisse une poussée inflationniste comparable à celle observée dans les grandes économies occidentales.
« Il n’est pas souhaitable de répondre immédiatement par un resserrement monétaire à des hausses de prix liées à des facteurs temporaires », a-t-il dit.
Si la BoJ estime que l’économie japonaise reste sur la voie du redressement, elle a averti que l’évolution de la pandémie et les problèmes d’approvisionnement assombrissaient les perspectives.
(Reportage Leika Kihara; version française Camille Raynaud et Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)