Grande-Bretagne-La BoE n’accélère pas la hausse des taux mais se dit prête à agir « avec force »
par Andy Bruce et William Schomberg
LONDRES (Reuters) – La Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé jeudi un relèvement d’un quart de point de son taux d’intérêt directeur, sa cinquième hausse depuis décembre, et promis qu’elle agirait « avec force » si nécessaire face aux risques liés à l’inflation, qu’elle s’attend à voire dépasser 11% dans quelques mois.
Cette hausse, qui porte le taux directeur britannique à 1,25%, correspond au consensus établi sur la base des prévisions des économistes et analystes interrogés la semaine dernière par Reuters, mais la probabilité estimée d’une hausse d’un demi-point avait nettement augmenté ces derniers jours pour atteindre près de 50%.
La banque centrale a donc opté pour le maintien d’un resserrement progressif de sa stratégie, ce qu’elle justifie par la perspective d’une contraction de 0,3% de l’activité économique sur le trimestre avril-juin.
La décision a été votée par six voix, trois membres du Comité de politique monétaire (MPC) s’étant prononcés pour une hausse d’un demi-point.
Le taux directeur britannique est désormais à son plus haut niveau depuis janvier 2009.
La BoE a été en décembre la première des grandes banques centrales mondiales à s’engager dans un cycle de hausse de taux, face à une dégradation de la conjoncture économique qui conjugue inflation élevée et ralentissement de la croissance.
Mais certains jugent ce resserrement trop lent pour freiner l’inflation et pour l’empêcher de s’ancrer dans l’économie via des hausses de salaires et une montée des anticipations de hausse des prix.
« L’ampleur, le rythme et le calendrier d’éventuelles nouvelles hausses du taux directeur reflèteront l’évaluation par le Comité des perspectives économiques et des pressions inflationnistes », déclaré la BoE dans un communiqué.
« Le Comité sera particulièrement à l’affût d’indications de pressions inflationnistes plus persistantes et, si nécessaire, il réagira avec force », ajoute-t-il.
LA LIVRE STERLING « PARTICULIÈREMENT FAIBLE »
La hausse des prix à la consommation au Royaume-Uni a atteint 9% en avril, son plus haut niveau depuis 40 ans, et la BoE a relevé jeudi ses prévisions en disant tabler désormais sur pic légèrement au-dessus de 11% en octobre, lorsque les tarifs de l’énergie augmenteront une nouvelle fois.
La flambée inflationniste en cours semble devoir durer plus longtemps au Royaume-Uni que dans d’autres économies, en partie à cause du décalage induit par le mécanisme d’augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité mais aussi en raison de l’impact sur le commerce extérieur de la sortie du pays de l’Union européenne.
La dépréciation de la livre sterling observée ces dernières semaines, liée en grande partie aux anticipations de hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis et dans la zone euro, menace en outre de nourrir elle aussi l’inflation.
Dans son communiqué, la BoE note d’ailleurs que la livre est « particulièrement faible face au dollar américain ».
La Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi une hausse de taux de trois quarts de point, la plus importante aux Etats-Unis depuis 1994, et la Banque nationale suisse (BNS) a surpris à son tour les marchés jeudi en relevant son propre taux d’intérêt directeur de 50 points de base, à -0,25%.
De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) a déclaré la semaine dernière qu’elle préparait des hausses de taux pour ses deux prochaines réunions, en juillet et en septembre.
Sur les marchés financiers, le rendement des emprunts d’Etat à dix ans britanniques était en nette hausse quelques minutes après les annonces de la BoE à 2,571% tandis que la livre sterling reculait de 0,84% face au dollar à 1,2076.
À la Bourse de Londres, l’indice FTSE 100 cédait alors 2,41%.
(Reportage William Schomberg et Andy Bruce, version française Marc Angrand)