ENQUETE: Une baisse des taux de la BCE attendue au second trimestre – économistes
par Prerana Bhat
BANGALORE (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) réduira ses taux d’intérêt au cours du prochain trimestre, montre une enquête de Reuters auprès d’économistes, dont 45% d’entre eux estiment que la première baisse du coût du crédit en zone euro interviendra en juin.
Dans cette enquête publiée jeudi, les économistes estiment également que la probabilité que cette baisse survienne plus tôt que le calendrier initialement prévu est plus élevée que celle d’un report.
Avec une inflation désormais proche de l’objectif de 2% de la BCE, nombre d’experts s’accordent à dire que la prochaine grande décision de l’institution sera probablement un assouplissement monétaire, mais le calendrier d’une telle mesure continue de faire débat, au regard notamment des incertitudes entretenues par certains membres du conseil des gouverneurs de la banque centrale.
Cela n’empêche pas les marchés de continuer de tabler sur une réduction des taux de la BCE d’environ 150 points de base cette année, avec une première baisse attendue en avril, une prévision qui divise les 85 économistes interrogés par Reuters du 12 au 17 janvier.
La totalité d’entre eux prédisent que la BCE laissera son taux de dépôt inchangé à 4,00% lors de sa réunion de politique monétaire du 25 janvier. Ils sont 59 sur 85 à anticiper une baisse des taux au deuxième trimestre, tandis que seulement trois d’entre eux prévoient une baisse en mars.
Dans l’enquête précédente de Reuters, ils étaient plus de 70% à prévoir des baisses de taux avant juillet, contre environ 57% dans celle réalisée en décembre. En novembre dernier, 55% des économistes sondés ne prévoyaient aucun assouplissement monétaire avant au moins le second semestre de cette année.
Dans l’enquête publiée jeudi, une minorité significative d’économistes, 38 sur 85, a déclaré que la première baisse des taux de la BCE aurait lieu en juin. Vingt-et-un ont répondu avril, et 23 ont prédit qu’elle interviendrait au cours du troisième trimestre et au-delà de cette période.
Répondant à une question subsidiaire, plus de 60% des sondés, soit 27 sur 43, ont jugé davantage probable que la première baisse de taux intervienne plus tôt qu’ils ne l’avaient envisagée. Les 16 autres ont dit qu’elle interviendrait plus tard.
« Si on écoute ceux (les responsables de la BCE) qui sont les plus loquaces, c’est-à-dire les faucons (…), presque tous ont fait pression contre la possibilité d’une réduction des taux de la BCE au moins dans les mois à venir », relève Jennifer Lee, économiste chez BMO Capital Markets.
« Mais des choses plus étranges se sont produites, et je ne serais donc pas surprise qu’ils réduisent leurs taux plus tôt. Nous pensons toujours qu’ils vont le faire en juin, et nous nous en tiendrons donc à cela en attendant », a-t-elle ajouté.
La médiane des prévisions des économistes sondés par Reuters donne une baisse de 100 points de base des taux d’ici la fin de l’année, ce qui ramènerait le taux de dépôt de la BCE à 3,0% à cet horizon. Parmi ces économistes, 36 sur 85 prévoient un taux de dépôt fin 2024 au-dessus de 3,0%, tandis que 27 l’anticipent plus bas.
RISQUE FAIBLE D’UNE RÉSURGENCE DE L’INFLATION
Sondés sur l’ampleur probable de la baisse des taux de la BCE cette année, 25 économistes sur 42 ont estimé qu’elle serait plus importante que prévu. Les autres ont répondu qu’elle serait moins élevée qu’envisagé.
L’inflation globale en zone euro, ressortie à 2,9% sur un an en décembre, devrait refluer à 2% au second semestre, le niveau fixé dans le mandat de la BCE, montre l’enquête Reuters.
Soixante-huit pour cent des économistes interrogés sur une question distincte, soit 26 sur 38, ont déclaré que le risque d’une accélération significative de l’inflation en zone euro au cours des six prochains mois était faible. Douze ont dit qu’il était élevé.
« Une résurgence significative de l’inflation n’est concevable qu’en cas de nouveaux chocs d’offre. Le risque le plus important est lié au fait que l’inflation s’avère plus persistante que prévu, notamment en raison des pressions salariales », a déclaré Kristian Toedtmann, économiste chez DekaBank.
Concernant les prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) en zone euro, une récession cet hiver est envisagée après une contraction de 0,1% au troisième trimestre et une contraction attendue du même ordre au quatrième trimestre.
Cette récession serait toutefois peu marquée, puisque même les prévisions les plus pessimistes tablent sur une contraction de l’économie de seulement 0,3% au quatrième trimestre.
L’économie allemande, la plus importante en Europe, s’est contractée en 2023, mais n’a pas connu de récession. Elle devrait croître de 0,3% cette année et de 1,2% en 2025, selon la dernière enquête de Reuters, ce qui traduit un ralentissement par rapport aux prévisions d’il y a trois mois.
(Rédigé par Prerana Bhat; enquêtes réalisées par Pranoy Krishna, Sarupya Ganguly et Maneesh Kumar; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)