EDF prévoit une baisse de prix durable, prévient qu’il devra s’adapter
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) – EDF a annoncé vendredi des résultats en progression au titre du premier semestre 2024, grâce à la hausse de sa production, mais a prévenu que la chute des prix de l’électricité de ces derniers mois s’annonçait durable et qu’il allait devoir s’y adapter pour faire face à ses besoins d’investissements.
L’électricien public a également confirmé que son bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) devrait reculer cette année, en raison notamment d’un « effet prix » négatif de 8 milliards à 11 milliards d’euros, même s’il devrait rester d’un « bon niveau ».
« Nous avons désormais (…) jusqu’à la fin de la décennie (…) une stabilisation des prix à un niveau beaucoup plus bas que ce que nous avions l’année dernière à la même période », a déclaré à la presse, son PDG, Luc Rémont, évoquant une chute des prix « rapide » et « durable ».
Après avoir lancé un nouveau plan nommé « Ambitions 2035 », qui vise notamment à accompagner les clients d’EDF dans la réduction de leur empreinte carbone et à produire davantage d’électricité décarbonée, il a ajouté que le groupe allait devoir « travailler fondamentalement sur la flexibilité de l’ensemble de (ses) opérations ».
« Nous devons travailler (…) sur l’ensemble de nos capacités pour améliorer notre efficacité opérationnelle, améliorer nos coûts, améliorer évidemment l’efficacité de nos investissements, pour que malgré cette baisse des prix nous puissions tenir le plan d’investissement auquel le pays est appelé pour l’objectif d’électrification. »
« Ça n’est pas une promenade dans le parc (…), mais nous avons la volonté de travailler sur l’ensemble des leviers qui sont à notre disposition pour améliorer notre autofinancement », a également dit Luc Rémont lors d’une conférence téléphonique.
EDF, dont l’Etat français est redevenu l’unique actionnaire en juin 2023, a enregistré à fin juin un résultat net part du groupe de 7,0 milliards d’euros (+20,7%), un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) de 18,7 milliards (+16,1%) et un chiffre d’affaires de 60,2 milliards (-20,3%).
PAS DE DÉCISION D’INVESTISSEMENT SUR LES EPR2 AVANT FIN 2025
Le groupe a bénéficié en France d’une hausse de sa production nucléaire de 19,4 térawatts-heure (TWh), alors que le premier semestre 2023 avait été pénalisé par les difficultés liées au phénomène dit de « corrosion sous contrainte » et par des grèves, ainsi que d’une hausse de 9,9 TWh de sa production hydraulique.
Il a précisé que son estimation de production nucléaire en France s’établissait désormais dans le haut de la fourchette de 315 à 345 TWh annoncée jusqu’à présent et qu’elle était confirmée entre 335 et 365 TWh pour 2025 et 2026.
Après les élections législatives françaises, Luc Rémont a déclaré que le groupe poursuivrait à l’automne ses travaux stratégiques, avec « des discussions de politique publique (d’une) importance significative » qui concerneront notamment le financement du programme de construction d’au moins six nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 dans le pays.
Le PDG a ensuite précisé qu’EDF ne prévoyait pas de décision finale d’investissement sur ce programme avant fin 2025 ou début 2026, alors que la date de 2025 était précédemment évoquée.
Prié de dire si le premier « béton nucléaire » des deux premiers EPR2 de Penly (Seine-Maritime), prévu en 2027, pourrait être retardé, il a déclaré : « Il n’y a pas de raison de changer d’opinion sur cette date. Il y a tellement de sujets à régler d’ici là que je ne me sens pas tenu par le premier béton nucléaire de Penly. Ce qui compte le plus, c’est tout ce qui va nous permettre d’aller à une décision finale d’investissement. »
Luc Rémont a aussi indiqué qu’EDF, au Royaume-Uni, était en train de reprendre contact avec le nouveau gouvernement travailliste issu des élections législatives anticipées du 4 juillet et que le groupe ne pouvait pas encore préciser la date à laquelle il pourrait prendre une décision finale d’investissement dans le projet de réacteur de Sizewell C.
(Reportage Benjamin Mallet ; édité par Blandine Hénault et Sophie Louet)
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