Daniel Kretinsky a été approché par Berlin pour le rachat d’Uniper, selon des sources
par Christoph Steitz, Emma-Victoria Farr et Jan Lopatka
FRANCFORT/PRAGUE (Reuters) – Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky fait partie des prétendants potentiels qui ont été approchés par Berlin pour un rachat de la compagnie d’électricité Uniper, ont déclaré trois sources au fait du dossier.
Le gouvernement allemand étudie actuellement la possibilité de céder sa participation de 99,12% dans l’entreprise publique allemande Uniper, avec des options allant d’une vente partielle à une vente totale de ses parts, ont indiqué des sources.
Uniper avait dû être nationalisé en 2022 pendant la crise énergétique européenne, après l’arrêt des livraisons de gaz naturel russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine.
Berlin avait dépensé 13,5 milliards d’euros, l’un des plus grands sauvetages d’entreprises en Allemagne.
Les sources ont déclaré que d’autres sociétés avaient été approchées par le gouvernement allemand, notamment le fonds new-yorkais Brookfield, l’entreprise norvégienne Equinor et TAQA, basé à Abu Dhabi.
Cependant, la holding énergétique tchèque EPH, détenue majoritairement par Daniel Kretinsky, ferait « partie du processus », selon l’une des sources qui a refusé d’être identifiée en raison du caractère confidentiel des négociations.
EPH, qui a acheté certains actifs d’Uniper en France en 2019, a également investi en Allemagne, le groupe ayant acheté les centrales électriques locales au lignite de Vattenfall en 2016.
Les autres véhicules d’investissement de Daniel Kretinsky détiennent également des participations dans l’unité sidérurgique de Thyssenkrupp et dans le grossiste allemand Metro.
La vente d’Uniper, qui est actuellement évaluée à 19 milliards d’euros mais qui est susceptible d’être cédée avec une décote, pourrait devenir l’une des plus grandes transactions d’Europe en 2025.
L’entreprise a fourni environ un quart du gaz consommé en Allemagne l’année dernière et est le plus grand opérateur de stockage de gaz du pays.
Uniper exploite également près d’un quart de la capacité de production d’électricité du pays, dite d’importance systémique, qui est maintenue en réserve pour garantir l’approvisionnement.
EPH et Uniper se sont refusés à tout commentaire.
Le ministère allemand des Finances, qui supervise la participation de Berlin, n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat.
Le caractère critique d’Uniper implique que toute vente sera soumise à un examen réglementaire approfondi, ont déclaré deux des sources à Reuters.
Berlin peut par ailleurs examiner ou bloquer toute tentative d’achat de plus de 10% des actifs énergétiques allemands par des prétendants extérieurs à l’Union Européenne.
(Reportage de Christoph Steitz, Emma-Victoria Farr et Jan Lopatka, avec la contribution d’Andres Gonzalez et de Christian Kraemer ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)