Crédit Agricole double ses bénéfices au deuxième trimestre, déception sur la banque d’investissement
Crédit Agricole a annoncé jeudi un doublement de son bénéfice grâce à la baisse des charges liées à la pandémie, la moins bonne performance de ses activités de banque d’investissement par rapport à ses rivales pesant toutefois sur le titre.
Même si la pandémie de COVID-19 continue de menacer l’économie mondiale, la vaste panoplie d’aides publiques a aidé les entreprises et les particuliers à honorer leurs échéances de prêts, permettant ainsi aux banques de protéger leurs bénéfices et de réduire leurs provisions pour pertes sur crédits.
Deuxième banque française par la capitalisation boursière derrière BNP Paribas, Crédit Agricole SA a annoncé un bénéfice net de 1,97 milliard d’euros au deuxième trimestre, contre 954 millions un an plus tôt, et un produit net bancaire en hausse de 18,8% à 5,82 milliards.
Autre signal positif, le coût du risque, qui mesure son exposition potentielle au non remboursement des crédits, a baissé de 66,8%.
L’attention des investisseurs s’est toutefois focalisée sur l’activité de banque de financement et d’investissement (BFI), dont les revenus ont chuté de 13,7% sur le trimestre, en raison d’une contraction de 28,3% de l’activité sur les obligations, les devises et les matières premières, du fait de la moindre volatilité du marché.
A titre de comparaison, la Société Générale a enregistré une hausse de 24,5% des revenus de la BFI et BNP Paribas une baisse de 9,9%.
A 17h00, le titre cédait -0,10% à 11,958 euros.
« La CIB est plus faible que chez les autres acteurs du secteur. C’est de moins bonne facture », estime un intervenant.
Interrogé sur les perspectives, le directeur général de Crédit Agricole SA, Philippe Brassac, s’est dit « serein » concernant le coût du risque au second semestre, sans toutefois fournir d’objectif chiffré.
Lors d’une conférence avec les analystes, le directeur financier, Jérôme Grivet, a déclaré que le groupe était en bonne voie pour atteindre ses objectifs 2022.
« L’Etat prend des mesures. Il le fait de manière efficace. Cela donne un paradigme de risque plus sûr pour les banques », a souligné Philippe Brassac. « Nous devons faire notre travail. »
PRUDENCE SUR LES PROVISIONS À CAUSE DU VARIANT DELTA
Confrontées à la nouvelle flambée de l’épidémie provoquée par la propagation du variant Delta très contagieux, les banques françaises préfèrent maintenir leurs provisions pour le moment, afin de conserver des réserves en cas de nouvelle aggravation de la situation sanitaire.
Au deuxième trimestre, l’économie de la zone euro a progressé plus rapidement que prévu, grâce à la levée des restrictions sanitaires dans de nombreux pays et à l’avancée des campagnes de vaccination.
Crédit Agricole a précisé par ailleurs avoir enregistré un gain exceptionnel de 258 millions d’euros au deuxième trimestre lié à une reprise d’amortissement de survaleur (« badwill ») dans le cadre de l’acquisition de l’établissement financier italien Creval plus tôt cette année.
Le groupe a également annoncé avoir demandé à la BCE son feu vert pour un deuxième programme de rachat d’actions pouvant atteindre 500 millions d’euros au quatrième trimestre.
La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé le mois dernier qu’elle lèverait fin septembre les restrictions imposées aux banques sur les rachats d’actions et le paiement de dividendes. Ce dispositif, mis en place au plus fort de la pandémie, visait à préserver les fonds propres des banques et à favoriser le crédit.
(Reportage Matthieu Protard, avec la contribution de Blandine Henault; version français Jean-Michel Bélot, édité par Jean Terzian et Blandine Hénault)