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Chez Duralex, la résilience face à la « brutalité » des prix de l’énergie

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par Caroline Pailliez

LA CHAPELLE-SAINT-MESMIN, Loiret (Reuters) – A peine remis en selle, le spécialiste du verre trempé Duralex se prépare à mettre ses fours à l’arrêt en raison de l’explosion des coûts de l’énergie, un nouveau coup dur pour les salariés qui ont connu de nombreux repreneurs ces dernières décennies.

La direction de Duralex, qui a été racheté en 2021 par le groupe International Cookware, propriétaire de la marque Pyrex, a annoncé il y a deux semaines à ses salariés être contrainte d’arrêter l’activité à partir du 1er novembre pour une durée de quatre mois en raison de la hausse des prix du gaz et de l’électricité.

Les quelque 250 salariés seront mis quelques jours par semaine au chômage partiel, selon des dispositions qui leur seront présentées la semaine prochaine. Pour beaucoup, c’est une déception, sachant que l’entreprise, qui fête ses 77 ans, a dans les deux dernières années renoué avec la croissance.

« On a bien redressé la barre. On avait énormément de demandes. Et malheureusement, ça a été stoppé net », confie à Reuters Elise Fournier, 33 ans, à la sortie de l’usine de La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret.

Duralex, dont les verres sont connus par tous les écoliers, figurent dans les films de James Bond ou sont exposés au Museum of Modern Art (MoMA) à New York, avait accumulé 40 millions d’euros de dette à la fin de 2020 au moment du dépôt de bilan.

International Cookware a investi 17 millions d’euros pour remettre l’usine sur pied et a décuplé la force de vente, lui permettant ainsi d’augmenter son chiffre d’affaires, explique Gwalter Teixeira, délégué syndical FO.

Selon la direction, les ventes ont progressé de 30 à 40% depuis le début de cette année.

Mais la crise énergétique vient ternir ces résultats.

« Avec les prix actuels, l’énergie peut représenter, si on ne met pas en veille le four, jusqu’à 40% de notre chiffre d’affaires, ce qui est une absolue aberration », a dit à Reuters le PDG de l’usine, Jose Luis Llacuna.

REPRISE EN 2023

Grande utilisatrice de gaz et d’électricité, l’entreprise consomme 150 GW d’énergie par an. La facture peut monter à 3 millions d’euros en temps normal.

Mais le prix de l’électricité a été multiplié par 22 et celui du gaz par 18, explique le PDG qui parle de prix « d’une brutalité et d’une folie et qui ne permettent pas de continuer à produire dans des conditions normales ».

L’entreprise ne pouvait pas signer de contrat long terme avec un fournisseur d’électricité ou de gaz qui aurait pu lui permettre de se protéger face à la volatilité des marchés au moment de sa reprise en janvier 2021, précise le responsable du site, François Marciano. Il fallait qu’elle justifie d’une année d’exploitation.

Et au moment de signer les contrats, ses conseillers ont dit à la direction d’attendre que les prix baissent. C’était juste avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

L’entreprise dispose de six mois de stocks, ce qui lui permettra de continuer à accroître ses ventes malgré l’interruption de la production, précise Jose Luis Llacuna.

Elle devrait rattraper son retard par la suite en rouvrant toutes ses lignes, l’usine fonctionnant depuis le début de la crise énergétique à moins de 50% de ses capacités.

La reprise est prévue au deuxième trimestre de 2023, la direction ayant pu acheter de l’énergie pour cette période à « des prix élevés mais acceptables » si on les compare à ceux qui sont annoncés de novembre à février.

Pour certains salariés, il faut prendre son mal en patience.

« Ce n’est pas la première fois que Duralex connaît un épisode comme celui-ci. On est plutôt confiant sur le fait qu’on va y arriver », assure Guillaume Bourbon, qui travaille depuis huit ans chez Duralex.

(Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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