Cameroun : 15649 emplois presentis dans les régions en guerre du pays
La décision prise en 2019 par le gouvernement camerounais de déclarer les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord zones économiquement sinistrées (ZES), en vue d’y attirer les investisseurs, porte déjà ses fruits. À en croire le ministre des Finances, qui s’exprimait le 15 janvier 2025 à Buéa (Sud-Ouest), à l’occasion du lancement officiel des opérations sur le budget de l’État de l’année 2025, près de 16 000 emplois sont en gestation dans ces régions du pays, grâce aux incitations fiscalo-douanières accompagnant le statut de ZES.
« Concernant les avantages fiscaux accordés aux entreprises investissant dans les zones sinistrées, la législation fiscale dérogatoire mise en place (…) pour encourager les investissements dans les zones économiquement touchées, en raison des opérations de lutte contre l’insécurité, a permis à ce jour l’agrément de 33 entreprises dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord. Ces investissements sont projetés à 168 milliards de FCFA, avec à terme la création de 15 649 emplois », révèle Louis Pal Motazé.
En effet, le statut de ZES attribué aux trois régions sus-mentionnées par décret du Premier ministre signé le 2 septembre 2019, confère aux entreprises qui y investissent un régime spécial d’imposition, semblable à celui de la loi d’avril 2013 (révisée en 2017) portant incitation à l’investissement privé en République du Cameroun.
Concrètement, depuis cette date-là, les investissements nouveaux réalisés dans ces régions bénéficient d’exonérations de certains impôts et taxes, parmi lesquels la TVA sur les acquisitions de biens et services, l’impôt sur les sociétés et le minimum de perception. Ces exonérations peuvent s’étendre jusqu’à une période de 10 ans, dont trois ans maximum pour la phase d’installation et les sept premières années d’exploitation.
Pour rappel, depuis l’année 2013, la région de l’Extrême-Nord du Cameroun est victime des attaques répétées des membres de la secte islamiste nigériane Boko Haram. Les incursions meurtrières de cette organisation ont pratiquement lessivé le maigre tissu économique de cette partie du Cameroun.
Par ailleurs, depuis fin 2016, les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest se sont également embrasées, suite à des revendications corporatistes des avocats et enseignants anglophones.
Ces mouvements d’humeur ont ensuite dégénéré en revendications indépendantistes à partir de 2017, transformant ces deux régions anglophones du Cameroun en théâtre d’affrontements entre l’armée régulière et les militants séparatistes.