Berlin va assumer les risques liés à 216 milliards euros de produits dérivés d’Uniper
par John O’Donnell et Christoph Steitz
FRANCFORT (Reuters) – Après avoir déjà mobilisé près de 500 milliards d’euros pour lutter contre les conséquences de la crise énergétique qui frappe de plein fouet le pays, le gouvernement allemand va également devoir assumer les risques associés aux 216 milliards d’euros de produits dérivés constitués par le géant de l’énergie Uniper.
La nationalisation d’Uniper, frappé de plein fouet par l’arrêt des livraisons de gaz naturel russe, est le plus gros plan de sauvetage d’une entreprise jamais engagé en Allemagne.
Le géant gazier a enregistré des milliards d’euros de pertes sur les produits dérivés, comme des contrats à terme, depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais ses difficultés ne datent pas de l’agression russe et de la décision de Moscou de couper le gaz à l’Europe, puisque le groupe avait déjà dû se tourner vers la banque d’État allemande KfW pour obtenir une aide de deux milliards d’euros.
Reuters s’est basé sur les récentes déclarations financières d’Uniper pour calculer pour la première fois le montant total de son exposition aux produits arrivés, une somme que l’entreprise a confirmée.
« Au total, nous avions des positions dérivées d’environ 216 milliards d’euros au 30 septembre 2022 », a déclaré un porte-parole d’Uniper, selon lequel seule une petite partie de ces positions présentent un risque élevé.
« Nos positions liées à des produits spéculatifs ne portent que sur quelques millions », a-t-il ajouté.
Selon ses comptes, Uniper détenait à cette date dans ses actifs environ 198 milliards d’euros de créances sur des instruments dérivés.
Qu’ils soient utilisés à des fins de couverture ou de spéculation, les produits dérivés comportent des risques. Si le prix du marché tombe bien en deçà, ou à l’inverse dépasse le prix d’une option, le coût de cette position pour l’entreprise peut s’envoler.
Pour se préserver d’importantes fluctuations des prix, les traders déposent une garantie, souvent en liquide, auprès des chambres de compensation. Ces dépôts de garantie ont explosé avec la récente flambée des prix de l’énergie.
MAUVAISE ESTIMATION DU GOUVERNEMENT ?
Les positions en cours d’Uniper pourraient engendrer de nouvelles pertes pour la société en fonction de l’évolution à venir de ces prix, a déclaré à Reuters une personne proche du dossier.
Cela risque d’alourdir la facture du gouvernement allemand, qui a déjà prévu de consacrer plus de 51 milliards d’euros aux plans de soutien et à la nationalisation prochaine d’Uniper.
Les actionnaires du géant gazier devraient approuver sa nationalisation lors d’une assemblée générale extraordinaire prévue le 19 décembre.
Uniper a fait état de pertes de 40 milliards d’euros pendant les neuf premiers mois de l’année, dont 10 milliards provenant du remplacement du gaz russe par du gaz naturel liquéfié plus cher.
Le groupe a également pris en compte 31 milliards d’euros de pertes futures attendues liées aux « effets de valorisation sur les dérivés et à la constitution de provisions » liés à la baisse des livraisons de gaz russe, a déclaré Uniper dans son dernier rapport trimestriel.
Ces estimations étaient basées sur les prix de l’énergie à la fin du mois de septembre, qui ont considérablement baissé depuis cette date.
« Nous devons supposer que la Russie va continuer à ne plus nous livrer de gaz et que nous enregistrerons de nouvelles pertes. Sans les (…) livraisons de gaz russe, le secteur du gaz subira des pertes jusqu’à la fin de 2024 », a déclaré le porte-parole.
Une source proche du gouvernement a dit craindre que les ministères de l’Economie et de l’Energie n’aient sous-estimé les risques liés aux produits dérivés dans leur estimation du coût total du sauvetage d’Uniper.
Un porte-parole du ministère de l’Economie s’est voulu rassurant, estimant que les pertes engendrées par certaines positions pourraient être compensées par des gains sur d’autres produits dérivés.
La situation n’en reste pas moins délicate pour Uniper, dont le volume des passifs liés aux dérivés a été multiplié par 2,5 par rapport à la fin 2021, et dont l’exposition à ce genre de produits était à la fin du mois de septembre six fois plus élevée que celle des géants pétroliers BP ou Shell.
Elle est aussi bien supérieure à celle de l’énergéticien allemand RWE, qui s’élevait à 131 milliards d’euros fin juin, selon les données publiques disponibles.
(Reportage de John O’Donnell et Christoph Steitz, version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)
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