Accélération de l’inflation en France et Espagne, un casse-tête pour la BCE
PARIS (Reuters) – L’inflation en France et celle en Espagne ont enregistré une accélération inattendue en février, montrent les chiffres publiés mardi, ce qui entraîne une révision à la hausse des anticipations sur les taux directeurs de la Banque centrale européenne.
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En France, l’indice des prix harmonisés IPCH, qui permet les comparaisons avec les autres pays de la zone euro, s’inscrit en hausse de 7,2% sur un an, contre une progression de 7,0% attendue par les économistes interrogés par Reuters, comme en janvier.
La première estimation de l’inflation espagnole en février montre là aussi une accélération de la hausse des prix, de 5,9% à 6,1% sur un an, dépassant les 5,5% donnés par le consensus Reuters.
Ces chiffres font douter d’un ralentissement de l’inflation pour l’ensemble de la zone euro à 8,2% comme anticipé par les économistes interrogés par Reuters, après la hausse de 8,6% le mois dernier. La publication mercredi de l’indice des prix à la consommation en Allemagne, première économie du bloc communautaire, sera un facteur déterminant.
Les marchés tablent désormais sur une augmentation des taux de la BCE de 150 points de base supplémentaires d’ici la fin de l’année, ce qui porterait son taux de dépôt à 4%.
Du côté de la dette souveraine, le rendement des emprunts d’Etat allemands à dix ans, la référence pour la zone euro, a inscrit un pic depuis juillet 2011 à 2,662%.
Les anticipations sur le niveau final des taux de la BCE ont augmenté de plus de 40 points de base en février, du fait des inquiétudes sur la ténacité des tensions inflationnistes, en particulier sous-jacentes.
Les anticipations des marchés ont tellement augmenté que certains investisseurs redoutent que la banque centrale relève ses taux de plus d’un demi-point le mois prochain, malgré ses annonces explicites en la matière.
« Les deux statistiques ont été plus soutenues que prévu, suggérant une plus grande persistance de l’inflation (…) par conséquent, nous signalons un certain risque à la hausse concernant (la première estimation de l’inflation en zone euro) jeudi », a déclaré Greg Fuzesi, économiste chez JPMorgan.
« Les chiffres de février montrent que l’inflation française n’a pas encore atteint son pic », a déclaré Charlotte de Montpellier, économiste chez ING. « Compte tenu de la façon dont l’inflation mondiale sous-jacente va probablement continuer à augmenter dans les mois à venir, cela donnera des arguments supplémentaires à la Banque centrale européenne pour continuer à augmenter ses taux au-delà du premier trimestre. »
(Balazs Koranyi avec Kate Entringer, Joao Manuel Mauricio, Belén Carreño, Stefano Rebaudo, version française Laetitia Volga, édité par Matthieu Protard)