Les USA et l’UE lancent une nouvelle offensive diplomatique au Moyen-Orient
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Le haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, et le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, sont attendus vendredi au Moyen-Orient pour tenter d’empêcher la propagation du conflit de Gaza dans la région.
Ces visites ont lieu près de trois mois après l’assaut d’Israël par le Hamas depuis Gaza. Depuis l’offensive israélienne qui a suivi, 22.600 personnes ont été tuées dans l’enclave, selon les autorités sanitaires de Gaza.
Israël, qui affirme avoir tué 8.000 combattants depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre qui a fait 1.200 morts, a annoncé jeudi qu’il lançait une tactique plus ciblée à Gaza.
Cependant, les Palestiniens ont déclaré que les avions et les chars israéliens avaient intensifié leurs frappes pendant la nuit sur les camps densément peuplés d’Al Maghazi, Al Bureij et Al Nusseirat, dans le centre de la bande côtière.
Selon les autorités sanitaires palestiniennes, quelque 162 gazaouis ont été tués au cours des dernières 24 heures.
« Le gouvernement israélien se réclame de la démocratie et de l’humanité, mais il est inhumain », a déclaré Abdel Razek Abu Sinjar, pleurant sur les corps de sa femme et de ses enfants, tués lors d’une frappe jeudi sur sa maison à Rafah, à la frontière égyptienne.
Les tirs d’artillerie ont repris près de l’hôpital Al Amal de Khan Younès, a indiqué le Croissant-Rouge palestinien, et l’organisation humanitaire Médecins sans frontières a fait savoir que ses travailleurs étaient bloqués dans le sud de la bande de Gaza.
À Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, qui a été lourdement bombardée, on pouvait voir sur des vidéos diffusées par des journalistes locaux des gens se frayer un chemin dans des rues en ruine.
L’armée israélienne a déclaré de son côté avoir frappé plus de 100 cibles dans toute la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures, contre des hommes armés qui avaient tenté d’attaquer un char à Al Bureij et d’autres à Khan Younès.
Ce conflit a également attisé la violence en Cisjordanie, où les autorités sanitaires locales ont déclaré qu’un jeune de 17 ans avait été tué et que quatre autres Palestiniens avaient été blessés par des tirs de l’armée israélienne dans la ville de Beit Rima. Un porte-parole militaire a indiqué que les troupes avaient tiré sur des Palestiniens qui leur avaient lancé des bombes à essence.
Le bureau des droits de l’homme de l’Onu a rapporté que les forces israéliennes utilisaient des tactiques militaires en Cisjordanie et que 300 Palestiniens avaient été tués, dont 79 enfants, huit ou neuf d’entre eux par des colons israéliens. Deux Israéliens, un civil et un militaire, ont également été tués.
DIPLOMATIE
Antony Blinken doit se rendre en Cisjordanie au cours de sa tournée qui débute vendredi en Turquie, pays qui fait partie de ceux qui ont proposé leur médiation. Il se rendra également en Israël, en Jordanie, au Qatar, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Égypte, et fera une halte en Grèce.
Antony Blinken va évoquer au cours de sa tournée des mesures destinées à éviter une propagation du conflit, a déclaré le porte-parole Matthew Miller devant les journalistes. « Ce n’est dans l’intérêt de personne – ni Israël, ni la région, ni le monde – que le conflit s’étende hors de Gaza », a dit le porte-parole du département d’Etat américain.
De son côté, Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, doit se rendre au Liban vendredi pour discuter de la situation à la frontière israélo-libanaise, a indiqué l’UE.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, se rendra par ailleurs en Israël et dans les territoires palestiniens à partir de dimanche.
« Le risque d’escalade est malheureusement très réel », a déclaré un porte-parole du ministère.
Le Hamas, qui a juré la destruction d’Israël, est soutenu par l’Iran. D’autres groupes soutenus par Téhéran dans tout le Moyen-Orient ont frappé les forces américaines en Irak et en Syrie, ainsi qu’Israël depuis le Liban.
Le chef du Hezbollah, puissant mouvement libanais soutenu également par l’Iran, Hassan Nasrallah, doit s’exprimer vendredi après avoir averti mercredi que sa milice « ne pouvait rester silencieuse » après l’assassinat à Beyrouth du numéro deux du bureau politique du Hamas palestinien, Saleh al-Arouri.
Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah échange presque quotidiennement des tirs d’artillerie avec Israël de l’autre côté de la frontière sud du Liban. Israël n’a ni confirmé ni infirmé être à l’origine de l’assassinat de Saleh al-Arouri.
Les Houthis, alliés de l’Iran, qui contrôlent la majeure partie du Yémen, s’attaquent à des navires commerciaux en mer Rouge depuis le 19 novembre, les obligeant à emprunter des itinéraires beaucoup plus longs pour compenser.
(Reportage Mohammad Azakir à Beyrouth, Nidal al-Mughrabi et Enas Alashay au Caire, Arafat Barbakh à Gaza, Maayan Lubell à la frontière entre Israël et Gaza, Dan Williams et Emily Rose à Jerusalem, Clauda Tanios à Dubaï et Trevor Hunnicutt et Jonathan Landay à Washington, rédigé par Michael Perry et Philippa Fletcher; version française Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)