Au Soudan, la pression sur les chrétiens s’accroît lors de la guerre civile
Plusieurs groupes de chrétiens ont été arrêtés par les forces gouvernementales alors qu’ils fuyaient la guerre civile à Khartoum pour se réfugier dans les monts Nouba. L’armée soudanaises les accusent de collaborer avec les Forces de soutien rapide (FSR) rivales. Pendant ce temps, la situation humanitaire dans les monts Nouba, où vivent près de 800 000 personnes déplacées, est de plus en plus précaire.
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Les services de renseignement militaires de l’armée soudanaise ont arrêté des dizaines de membres de l’Église chrétienne Al-Iziba dans le nord de Khartoum alors qu’ils tentaient de fuir les combats. Dans le même temps, des chrétiens vivant dans un village sous le contrôle des Forces de soutien rapide (FSR) ont subi des pressions pour se convertir à l’islam.
Les hommes, les femmes et les enfants de l’Église Al-Iziba ont été arrêtés par groupes entre le 2 et le 7 octobre 2024 dans l’État fédéré du Nil, car ils étaient soupçonnés de collaborer avec les FSR.
La plupart des personnes arrêtées ont été relâchées après avoir été interrogées, mais plusieurs hommes, dont le pasteur de l’Église, sont toujours détenus.
Impliqués dans le conflit
La guerre civile qui a éclaté en avril 2023 oppose l’armée soudanaise aux Forces de soutien rapide (FSR), une milice paramilitaire. Dans la capitale, Khartoum, l’armée soudanaise tentent de déloger les forces des FSR.
Depuis le début de la guerre, les deux parties sont accusées de cibler les chrétiens et de détruire les églises dans les zones qu’elles contrôlent.
Pour Osama Saeed Musa Koudi, président de l’Union de la jeunesse chrétienne soudanaise, ces arrestations sont « un nouvel exemple de la persécution ciblée des minorités ethniques et religieuses dans la guerre civile en cours. »
Persécution religieuse
Benjamin Barnaba, le partenaire local de CSI, confirme qu’il y a eu d’innombrables cas de persécution de chrétiens par l’armée soudanaise et les FSR. Beaucoup d’entre eux ont été contraints de fuir Khartoum et d’autres grandes villes.
« Tant les FSR que l’armée soudanaise persécutent les personnes d’origine noire et les chrétiens, qui sont considérés comme des parias », a déclaré Benjamin Barnaba à CSI.
Au Soudan, les plus grandes communautés chrétiennes se trouvent dans la région des monts Nouba, dans l’État fédéré du Kordofan du Sud et dans l’État fédéré du Nil Bleu, qui jouxte le Soudan du Sud.
La population chrétienne des monts Nouba a été opprimée pendant des décennies sous l’ancienne dictature islamiste d’Omar el-Béchir. Pendant la deuxième guerre civile du pays (1983-2005), ils ont subi des attaques des forces gouvernementales, qualifiées de génocide par de nombreux universitaires. Cette guerre a conduit à l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.
Des centaines de milliers de déplacés
Mais les monts Nouba sont restés une partie du Soudan. Le conflit a de nouveau éclaté en 2011, lorsque le gouvernement de Khartoum a tenté de reprendre la région par la force. Aujourd’hui, la région est entièrement sous le contrôle du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N), un groupe armé insurgé.
Depuis le début de la guerre civile soudanaise en 2023, des centaines de milliers de chrétiens nubiens ont tenté de retourner dans leur foyer plus paisible du Kordofan du Sud. Il y a actuellement plus de 788 000 personnes déplacées dans les monts Nouba. L’afflux massif de déplacés a aggravé les pénuries de nourriture et de ressources existantes.
La crise humanitaire s’aggrave
On estime que près de trois millions de personnes souffrent actuellement de la faim dans les monts Nouba. En raison du manque de nourriture et de médicaments, les maladies et les épidémies se propagent.
« Les voies d’approvisionnement sont totalement coupées en raison de la guerre civile. Les gens dépendent maintenant du Soudan du Sud, qui est confronté à un effondrement total de son économie », rapporte Benjamin Barnaba.
Un autre problème auquel les déplacés sont confrontés en cette saison des pluies est celui du logement. Notre partenaire informe qu’il est difficile de trouver de l’herbe longue ou d’autres matériaux de construction locaux pour construire des abris.
De plus, pendant la saison des pluies, la scolarité des enfants a été interrompue afin qu’ils puissent aider leurs parents à s’occuper du bétail. « En novembre 2024, les écoles des monts Nouba devraient rouvrir, mais comme d’habitude, il n’y a pas de matériel éducatif et scolaire pour les enfants pauvres », spécifie Benjamin Barnaba.
L’aide se poursuit
CSI fournit une aide humanitaire dans les monts Nouba. Les personnes déplacées et les rapatriés reçoivent de la nourriture, du matériel scolaire et éducatif, des pompes à eau et des kits d’accouchement.
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