Les chrétiens du Nigeria ne perdent pas espoir
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Pour des centaines de chrétiens nigérians, les fêtes de Noël ont tourné au cauchemar il y a un an. Des extrémistes islamistes peuls ont tué près de 200 fidèles et détruit d’innombrables existences. Deux survivants qui ont perdu leur conjoint s’ouvrent au responsable de la Solidarité Chrétienne Internationale (CSI) Franco Majok. Malgré leur souffrance, ils ne perdent pas espoir et nous remercient pour notre aide.
Tristesse, colère et stupéfaction, c’est ce que ressentent les chrétiens de l’État fédéré de Plateau quand ils repensent aux attentats du 23 au 25 décembre 2023. C’est précisément pendant ces jours de la fête de l’amour que des militants nomades peuls ont perpétré une attaque terroriste dans les zones de gouvernement local (LGA) de Barkin Ladi, Bokkos et Mangu, au centre du Nigéria.
Il s’agit de l’un des pires massacres religieux de ces dernières années dans le monde : quelque 190 chrétiens ont été tués, dont une majorité de femmes et d’enfants ; plus de 300 blessés ont dû être conduits à l’hôpital ; des centaines de maisons ont été rasées.
Sa femme et sa fille tuées
Gushe Malan Majo a 49 ans et il habite dans la LGA de Bokkos. Quand il parle de ce qu’il a vécu, il parvient à peine à réprimer ses larmes. Avec sa famille, il exploitait une petite ferme : « J’étais reconnaissant de la vie agréable et paisible que je menais avec ma femme et mes quatre enfants. »
Mais tout a basculé brutalement le 24 décembre 2023. Il n’a rien oublié de ces instants tragiques : « Depuis quelque temps, il y avait des rumeurs selon lesquelles des combattants peuls risquaient d’attaquer notre village de Dares. J’ai partagé mes inquiétudes avec ma femme qui a essayé de me rassurer en me disant que je ne devais pas me fier à des racontars. Mais de nombreux chrétiens du voisinage voyaient les choses différemment et craignaient pour leur vie. Comme j’étais l’un des rares habitants du village à posséder une voiture et qu’ils savaient que je n’allais pas leur refuser un service, ils m’ont sollicité pour que je les mette à l’abri dans le village voisin. J’en ai profité pour emmener mes trois filles aînées. »
Lorsqu’il est rentré le lendemain, le 25 décembre, et qu’il a vu de la fumée s’échapper de sa maison, il a tout de suite compris ce qui s’était passé et il s’est précipité vers les décombres : « Je cherchais désespérément ma femme et notre cadette. » Gushe a d’abord découvert le corps de son frère. Puis, comme dans un cauchemar, il a identifié les corps sans vie de sa femme et de sa plus jeune fille.
Un voisin survivant lui a raconté l’attaque nocturne des islamistes peuls. Depuis le lieu où il avait réussi à se réfugier, il a vu que l’épouse de Gushe avait aussi réussi à se mettre à l’abri. Malheureusement, pensant que les assaillants s’étaient retirés, elle s’est aventurée trop tôt hors de sa cachette. C’est alors que plusieurs combattants peuls sont revenus, l’ont tuée avec son enfant et ont mis le feu à la maison.
Gushe est terrassé par la douleur : « Comme les assaillants restaient embusqués non loin du village, j’ai dû emporter les corps pour pouvoir enterrer ma femme, ma fille et mon frère dans la dignité.
Le veuf éploré vit désormais avec ses trois filles et les six enfants de son frère dans le sud de la ville de Jos, la capitale de l’État fédéré de Plateau. « Je sais que je ne peux pas me permettre de baisser les bras, car je porte désormais la responsabilité de neuf enfants. »
Pour subvenir à leurs besoins, Gushe souhaite reprendre son activité d’agriculteur. Il est reconnaissant à CSI de l’avoir soutenu et de lui avoir fourni suffisamment de semences, d’outils et d’engrais pour se mettre au travail. CSI continuera à le soutenir pour qu’il puisse s’occuper de tous ces orphelins.
Son mari assassiné froidement
La chrétienne Rajina Harouna a 67 ans. Avec ses sept enfants, elle vient du village de Darwat, dans la LGA de Barkin Ladi. Elle aussi, elle se souvient de la vie agréable qu’elle a menée durant de longues années. Cette agricultrice entreprenante faisait également le commerce de pommes de terre.
Mais l’attaque brutale des milices peules à Noël 2023 a tout changé, déplore-t-elle : « Pleine de joie, je préparais notre célébration la veille de Noël, lorsque les Peuls ont fait irruption dans notre village et nous ont attaqués. Je me suis cachée dans la maison avec mon fils handicapé, alors que mon mari a couru avec l’une de nos filles jusqu’en haut de la colline voisine pour s’y mettre à l’abri. »
Pensant que les assaillants s’étaient retirés, le mari de Rajina a laissé leur fille sur la colline et il est retourné au village, une erreur fatale. « Mon mari a été intercepté par des islamistes peuls. Ils n’ont eu aucune pitié et lui ont planté un couteau dans le ventre. Il s’est lentement vidé de son sang », raconte Rajina avec un masque de douleur.
La veuve se retrouve maintenant totalement démunie : « Les assaillants ont également brûlé ma maison et détruit nos champs ainsi que toutes les pommes de terre. »
Depuis cet épouvantable incident, la vie est devenue un lourd fardeau pour Rajina. Malgré sa tristesse, elle est reconnaissante du soutien quotidien de son responsable de paroisse, Apollos Data (35 ans). Elle est également heureuse d’avoir accepté la proposition d’Apollos et d’avoir rencontré des partenaires de la Solidarité Chrétienne Internationale (CSI). Ceux-ci ont répondu favorablement à sa demande de financement initial pour un nouveau commerce de pommes de terre.
Reto Baliarda
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