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Chrétiens du du Haut-Karabakh: Interview du conseiller national soleurois Stefan Müller-Altermatt

Depuis près de deux ans, l’Azerbaïdjan bloque l’accès à la région du Haut-Karabakh peuplée d’Arméniens. Le conseiller national soleurois Stefan Müller-Altermatt (Suisse) est l’un de ceux qui s’engagent avec ardeur en faveur des habitants du Haut-Karabakh assiégés.
Stefan Müller-Altermatt est coprésident de l’Association Suisse-Arménie. Marié et père de cinq enfants, ce président de la commune de Herbetswil siège depuis 2011 au Conseil national du canton de Soleure (le Centre).

Le 27 février 2023, Stefan Müller-Altermatt a manifesté sur la Place fédérale avec Marc Jost (PEV), Andreas Gafner (UDF), Lilian Studer (PEV), Nik Gugger (PEV), Nicolas Walder (Les Vert-e-s), Denis de la Reussille (PST-POP) et Christine Badertscher (Les Vert-e-s). csi

CSI : Vous êtes en première ligne dans la lutte pour le droit à l’autodétermination des habitants du Haut-Karabakh. Qu’est-ce qui vous motive ?

Stefan Müller-Altermatt : Outre mes relations personnelles avec l’Arménie, les droits de l’homme sont importants pour moi. C’est Staline qui a rattaché en 1921 le Haut-Karabakh à la République soviétique d’Azerbaïdjan. Depuis cette date, les habitants de la région, des Arméniens chrétiens, y ont été persécutés et doivent vivre sous la domination de leurs oppresseurs, alors que le traumatisme lié au génocide de 1915 était encore extrêmement vif. Ils n’ont jamais eu la moindre chance de vivre en paix et en liberté. On comprend bien pourquoi ce peuple vit dans la crainte. C’est à pour en finir avec cette crainte que je veux m’engager.

L’Azerbaïdjan bloque la route d’approvisionnement du Haut-Karabakh. La Suisse en fait-elle assez pour résoudre cette situation inqualifiable ?

Non. Et si l’on considère les possibilités dont dispose la Suisse à l’heure actuelle, le bilan est catastrophique. La Suisse est membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle est donc tenue d’agir contre les violations des droits de l’homme et l’épuration ethnique. Au lieu de cela, elle se tait et laisse passer l’occasion de se montrer à la hauteur de la situation.

La Migros fait des affaires avec l’entreprise énergétique azérie SOCAR et cofinance ainsi le réarmement de l’Azerbaïdjan. Ne faudrait-il pas faire davantage pression sur elle ?

La Migros n’est malheureusement que la pointe visible d’un iceberg. Les liens économiques entre la Suisse et l’Azerbaïdjan vont bien au-delà : la majeure partie des revenus de l’État azéri est à mettre au compte de la vente de pétrole et de gaz qui a lieu sur la place financière de Genève. Il s’agit d’une énorme machine à financer le génocide. La Migros est surtout coupable, car elle donne à cette entreprise un vernis de normalité grâce au partenariat avec SOCAR. C’est pourquoi nous devons le dire haut et fort : « Attention, SOCAR n’est pas une entreprise normale, ne faites pas le plein dans ses stations ! » Démasquer son partenaire est sans doute la meilleure façon de faire pression sur la Migros.

Vardan Tadevossian, partenaire de CSI au Haut-Karabakh, craint que des Arméniens ne meurent bientôt en raison du manque de nourriture et de médicaments. Pourquoi la communauté internationale ne s’en préoccupe-t-elle pas ?

Elle ne s’est jamais vraiment souciée des Arméniens.

Et puis, il y a aussi la guerre en Ukraine qui a un double impact : d’une part, les puissances occidentales ont ce conflit comme priorité absolue, négligeant ainsi la problématique du Haut-Karabakh, et d’autre part, elle affaiblit la Russie qui est la seule grande puissance à protéger et soutenir les Arméniens. Et puis, il ne faut pas se voiler la face : l’Azerbaïdjan a du pétrole et du gaz. Personne n’ose fâcher un partenaire commercial si important.

Voyez-vous encore des possibilités d’évoquer le conflit du Haut-Karabakh au Parlement et au gouvernement suisses ?

J’ai déposé un postulat auprès du Conseil fédéral en lui demandant de mettre en place une stratégie pour l’Eurasie. Je n’abandonnerai pas. Et si cette stratégie ne contient pas de mesures efficaces contre le génocide (aide humanitaire, intervention au Conseil de sécurité, sanctions, etc.), j’interviendrai à nouveau.

Par ailleurs, des discussions sont en cours entre le groupe parlementaire Suisse-Arménie et le Département des affaires étrangères. Nous continuons d’informer le gouvernement et de l’appeler à agir. C’est notre devoir vis-à-vis des Arméniens et de toute la communauté occidentale animée de valeurs chrétiennes.

Interview : Rolf Höneisen

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