Le pape François au Palais des Congrès et d’Exposition d’Ajaccio en Corse
Le pape François a exhorté dimanche les prêtres catholiques à se tenir à l’écart des groupes spirituels qui attisent les divisions politiques, lors d’une visite en Corse, la première d’un souverain pontife sur l’île.
Au cours d’une conférence sur la religion en Méditerranée, le chef de l’Eglise catholique a mis en garde contre les variétés de spiritualité qui « cherchent à se valoriser en alimentant les polémiques, l’étroitesse d’esprit, les divisions et les attitudes exclusives ».
« Les pasteurs de l’Église sont appelés à être vigilants, à faire preuve de discernement et à être constamment attentifs à ces formes populaires de religiosité », a dit le pape.
François, qui effectue son troisième et probablement dernier voyage à l’étranger cette année, n’a pas nommé de groupes religieux spécifiques.
La Corse, comme une grande partie de la France, a une longue histoire d’associations catholiques laïques, connues sous le nom de confréries. Elles se concentrent généralement sur les questions spirituelles, mais jouent parfois un rôle dans la politique locale.
Le pape a passé environ neuf heures à Ajaccio, la capitale de la Corse. Après avoir assisté à la conférence, il a célébré une messe en plein air devant une foule estimée par le Vatican à 15.000 catholiques. Il a également rencontré le président Emmanuel Macron.
Le fait de se rendre dans des lieux qui n’attirent souvent pas l’attention internationale fait partie de la politique du pape François, consistant à mettre en lumière les personnes et les problèmes jugés « périphériques » au monde. En 11 ans de pontificat, il n’a toujours pas visité la plupart des capitales d’Europe occidentale, y compris Paris.
Emmanuel Macron avait invité le pape à assister le 7 décembre à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, cinq ans et demi après que la cathédrale a été ravagée par un incendie. Le souverain pontife avait choisi ne pas s’y rendre et les deux hommes se sont brièvement rencontrés à l’aéroport d’Ajaccio dimanche avant que François ne retourne à Rome.
Le pape a remercié Emmanuel Macron d’avoir fait le déplacement en Corse pour le voir. Ce dernier, qui a pris François par la main lors d’un échange de cadeaux diplomatiques, a déclaré que c’était un « grand honneur » d’être venu.
LE PAPE FÊTERA SES 88 ANS MARDI
François, qui fêtera ses 88 ans mardi, est comme à l’accoutumée descendu de son avion par un ascenseur à son arrivée en Corse et s’est déplacé en fauteuil roulant pour saluer les différents responsables sur le tarmac.
Au cours d’un bref trajet en papamobile depuis l’aéroport, le pape a salué la foule massée dans les rues et est apparu en bonne forme. Le souverain pontife avait encore un petit hématome au menton, résultat d’une petite chute dans sa chambre à coucher la semaine dernière, selon le Vatican.
La Corse, célèbre pour son relief escarpé et montagneux et pour avoir vu naître Napoléon Bonaparte, est la quatrième plus grande île de la Méditerranée. C’est l’une des régions les plus pauvres de France, où environ 20% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, selon les chiffres du gouvernement.
Le Vatican estime qu’environ 81% des 356.000 habitants de la Corse sont catholiques. L’île compte 83 prêtres et une trentaine de religieuses catholiques.
François, originaire d’Argentine et premier pape venu des Amériques, a beaucoup voyagé autour de la Méditerranée depuis son accession au pontificat en 2013, avec notamment des visites à Malte, l’île grecque de Lesbos et l’île italienne de Lampedusa.
(Reportage Joshua McElwee, version française Claude Chendjou et Benjamin Mallet)