Wall Street digère bien la hausse des taux de la Fed
NEW YORK (Reuters) – La Bourse de New York a fini en hausse mercredi après le relèvement attendu des taux de la Réserve fédérale et des indices de progrès dans les discussions entre Moscou et Kyiv au 21e jour de l’invasion russe en Ukraine.
La Réserve fédérale (Fed) américaine a annoncé une hausse d’un quart de point de son principal taux directeur et dit prévoir de le porter entre 1,75% et 2% d’ici la fin de l’année, adoptant un ton volontairement offensif face à l’inflation.
Les nouvelles prévisions de la Fed suggèrent qu’elle pourrait de nouveau relever ses taux lors de chacune des six réunions prévues d’ici fin décembre et que le taux des « fed funds » pourrait atteindre 2,8% d’ici fin 2023, un niveau supérieur à celui de 2,4% à partir duquel la banque centrale estime qu’il freinerait la croissance.
Dans son communiqué, le Federal Open Market Committee (FOMC), son comité de politique monétaire, souligne les fortes incertitudes auxquelles le conflit en Ukraine et la crise sanitaire exposent l’économie mais ajoute que de nouvelles hausses de taux seront « appropriées » dans les prochains mois.
L’indice Dow Jones a gagné 1,55%, ou 518,76 points, à 34 063,1 points.
Le S&P-500, plus large, a pris 95,41 points, soit 2,24%, à 4 357,86 points.
Le Nasdaq Composite a avancé de son côté de 487,93 points (3,77%) à 13 436,55 points.
Les trois grands indices, qui avaient profité auparavant de l’évolution des pourparlers entre Moscou et Kyiv, malgré la poursuite de la guerre en Ukraine, ont basculé brièvement dans le rouge à l’annonce du relèvement des taux deux heures avant la clôture, avant de se redresser et de terminer en territoire positif.
Certains analystes ont réagi avec circonspection aux décisions de la banque centrale américaine.
« Cela ressemble à une Fed qui entend provoquer de la récession afin de se débarrasser du problème de l’inflation. C’est aussi à courte vue que lorsqu’elle déclarait il y a un an que l’inflation était transitoire », a déclaré Scott Ladner, de Horizon Investments à Charlotte, Caroline du Nord.
« Je souhaite bien de la chance à Jay Powell (le président de la Fed, NDLR) et compagnie parce qu’ils ne vont pas aller près du but qu’ils se fixent, à moins de pousser de nombreuses personnes au chômage. Parce que c’est ce qu’il va se produire, parce que nous allons avoir une récession », a renchéri Joseph LaVorgna, chef économiste à Natixis à New York.
Jim Paulsen, stratégiste à Leuthold Group à Minneapolis, a toutefois estimé que de nombreux investisseurs pourraient être simplement soulagés de voir la Fed passer à l’action.
« Entendre finalement la Fed ‘parler et agir’ pour lutter contre l’inflation est quelque chose d’apaisant pour la communauté des investisseurs et pour l’économie réelle confrontée à la hausse des prix », a-t-il dit.
Les données économiques suggèrent que le resserrement de la politique monétaire s’accompagne souvent d’une solide progression du cours des actions. Le S&P 500 a affiché en moyenne une hausse de 7,7% dans la première année du relèvement des taux de la Fed, selon une étude de Deutsche Bank portant sur 13 cycles de hausse depuis 1955.
(Reportage Sinéad Carew, Lewis Krauskopf, Herb Lash et Stephen Culp à New York, Devik Jain et Bansari Mayur Kamdar à Bangalore; rédigé par Jean-Stéphane Brosse)