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Une responsabilité de la France mais pas de complicité de génocide au Rwanda, selon un rapport

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PARIS (Reuters) – De graves dysfonctionnements dans l’appréciation de la situation et la prise de décisions mais pas de complicité de génocide au Rwanda : telles sont quelques-unes des conclusions d’un rapport d’historiens sur le rôle de la France avant, pendant et après les massacres qui ont fait quelque 800.000 morts au printemps 1994.

Fruit des travaux menés pendant deux ans par 14 chercheurs à la demande d’Emmanuel Macron, le document d’un millier de pages a été remis vendredi au chef de l’Etat et mis en ligne.

Selon l’Onu, environ 800.000 personnes, Tutsis et Hutus modérés, ont été tuées en trois mois lors de massacres déclenchés après l’attentat contre l’avion du président hutu Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

Le rapport décrit des dysfonctionnements et un « aveuglement » de la France dans le processus d’appréciation de la situation à l’époque, mais il écarte l’idée d’une complicité de génocide.

« La crise rwandaise s’achève en désastre pour le Rwanda, en défaite pour la France », peut-on lire. « La France est-elle pour autant complice du génocide des Tutsi ? Si l’on entend par là une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne vient le démontrer. La France s’est néanmoins longtemps investie au côté d’un régime qui encourageait des massacres racistes. Elle est demeurée aveugle face à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime. »

« DÉFAITE DE LA PENSÉE »

Les historiens écartent également les accusations formulées à l’encontre de l’opération militaire Turquoise lancée par Paris sous mandat de l’Onu entre juin et août 1994.

La France « a réagi tardivement », mais l’opération Turquoise « a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsis du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide », écrivent les chercheurs.

La commission pointe une gestion de crise hyper centralisée au niveau de l’Elysée, dont le locataire était alors le président François Mitterrand, lequel entretenait « une relation forte, personnelle et directe » avec le président Habyarimana.

Dans leurs conclusions, les auteurs du rapport pointent des « responsabilités institutionnelles » auxquelles s’ajoutent « des responsabilités intellectuelles qui, cumulées, font système et témoignent d’une défaite de la pensée. »

L’Elysée espère que ce travail contribuera à apaiser les relations entre Paris et Kigali, empoisonnées par les zones d’ombre entourant le rôle de la France lors de cette dramatique période de l’histoire récente du continent africain.

« Nous espérons évidemment que ce rapport pourra mener à de nouveaux développements dans notre relation avec le Rwanda », dit-on à la présidence française. « Au-delà de notre relation avec le Rwanda, nous pensons que ce rapport aura aussi un impact sur l’ensemble de notre relation avec l’Afrique. »

Dans un communiqué, Emmanuel Macron rappelle que « ce rapport sera partagé avec les autorités rwandaises et, au travers de sa publicité, à l’ensemble du peuple rwandais dont la France salue la dignité et la capacité de réconciliation. »   

(Elizabeth Pineau, édité par Jean-Stéphane Brosse)

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