Total prévoit un manque à gagner de 12 milliards de dollars dû à la crise pétrolière
PARIS (Reuters) – Total estime qu’il devra compenser globalement avec son plan d’actions un manque à gagner d’au moins 12 milliards de dollars (10,8 milliards d’euros) dû à la crise pétrolière, a déclaré vendredi son PDG, Patrick Pouyanné.
Le groupe pétrolier a revu à la hausse son programme d’économies début mai après avoir enregistré un chute de ses résultats au premier trimestre 2020, marqué par l’effondrement de la demande et des prix lié au coronavirus.
« C’est globalement 12 milliards de dollars, a minima, que nous estimons devoir combler (…) par notre plan d’actions », a dit Patrick Pouyanné lors de l’assemblée générale des actionnaires de Total, qui se tenait à huis clos.
Affecté par l’effondrement de la demande lié à la propagation du nouveau coronavirus, qui est venu s’ajouter à une crise d’offre, le prix du pétrole à fortement chuté au mois de mars et s’établit aujourd’hui autour de 30 à 35 dollars par baril, très en deçà des 60 dollars que Total avait pris comme hypothèse dans ses perspectives 2020.
« A quel rythme la demande d’énergie va-t-elle repartir ? L’aspiration aux transports va revenir mais (…) pour le reste de l’économie, cela va prendre plus de temps », a souligné Patrick Pouyanné.
« On sait bien que le deuxième trimestre va être très mauvais, c’est même le pic de la crise pour nous tous. Donc je vous le garantis, les résultats ne seront pas bons au deuxième trimestre. Par contre, j’espère que le troisième trimestre va voir (une) sortie de la crise, et donc pour moi le rendez-vous pour donner plus de perspectives est plutôt septembre-octobre qu’immédiatement. »
Le PDG de Total a dans le même temps réaffirmé que le groupe avait la capacité de maintenir son dividende à un niveau stable cette année, après avoir suspendu sa politique de croissance de 5 à 6% par an annoncée en septembre, ainsi que ses rachats d’actions.
« PAS DE MESSAGE NÉGATIF » SUR LE DIVIDENDE
« Total sait à la fois financer ses programmes d’investissements (…) et verser son dividende, en le maintenant, au-dessus de 35-40 dollars du baril. Si on était dans un nouveau monde où tout d’un coup le pétrole s’établissait durablement à 25 dollars, il faudrait qu’on en reparle tous ensemble, mais enfin on n’en est pas là, donc il n’y a pas de message négatif », a-t-il dit.
Total estime que sa production devrait s’établir à environ 2,95 millions de barils équivalent pétrole par jour en 2020, soit une réduction d’au moins 5% par rapport à ses prévisions de début d’année, en raison notamment des quotas décidés par « l’Opep+ ».
Dans l’aval, le groupe a souligné que les ventes étaient depuis la mi-mars en moyenne 50% inférieures à la normale, avec des incertitudes sur les perspectives de reprise.
Total anticipe ainsi pour 2020 un niveau d’utilisation de son outil de raffinage mondial d’environ 70%, contre 84% en 2019, tandis que les ventes de son pôle « marketing et services » devraient progressivement retrouver un niveau proche de la normale.
L’assemblée générale des actionnaires de Total a par ailleurs rejeté vendredi à 83,20% une résolution, déposée par un ensemble d’investisseurs détenant environ 1,37% du capital du groupe, l’appelant à modifier ses statuts pour s’engager davantage dans la lutte contre le changement climatique.
Le conseil d’administration de Total n’avait pas donné son agrément à cette résolution, en faisant notamment valoir que le groupe venait de se fixer de nouvelles ambitions en la matière.
(Benjamin Mallet, édité par Jean-Stéphane Brosse)