Sommet UE-Balkans sur fond de crispations liées à l’aide médicale de Pékin, Moscou
par Robin Emmott et Aleksandar Vasovic
BRUXELLES/BELGRADE (Reuters) – Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne tiennent mercredi un sommet avec les dirigeants des six pays des Balkans souhaitant rejoindre le bloc et dont les éloges de la Chine et de la Russie pour leur aide durant la crise sanitaire a déplu dans l’UE, ont dit des représentants et des diplomates.
L’Union estime ne pas bénéficier de suffisamment de reconnaissance pour les 3,3 milliards d’euros qu’elle fournit, une aide que des représentants européens ont décrite comme supérieure aux fournitures médicales que Pékin et Moscou ont envoyées à la Serbie et la Bosnie durant les premiers stades de l’épidémie de coronavirus.
Le sommet, initialement prévu dans la capitale croate Zagreb, se tiendra par visioconférence à partir de 14h30 GMT entre les dirigeants des Vingt-Sept et leurs homologues des pays des Balkans occidentaux (Serbie, Kosovo, Monténégro, Albanie, Bosnie et Macédoine du Nord).
Alors que des avancées ont été constatées ces derniers mois sur la question de l’élargissement du bloc (), la crise sanitaire liée au coronavirus devrait dominer les discussions.
« Le sommet en lui-même porte ce message: nous voulons que vous nous rejoigniez », a déclaré un haut diplomate impliqué dans la préparation du rendez-vous. « Mais nous allons aussi dire qu’on ne peut pas flatter les Chinois et les Russes quand cela nous arrange », a-t-il ajouté.
Pékin et Moscou ont envoyé en mars des médecins et du matériel médical en Bosnie et en Serbie dans le but de contribuer à stopper la propagation du coronavirus, à un moment où la réponse collective de l’UE tardait.
Le président serbe Aleksandar Vucic a publiquement remercié son homologue chinois Xi Jinping et le peuple chinois.
Le représentant serbe de la présidence tripartite de Bosnie, Miorad Dodik, a fait le mois dernier l’éloge de la Russie et critiqué Bruxelles pour avoir dans un premier temps limité les exportations d’aide médicale à destination des pays hors-UE. « L’Europe dans laquelle nous croyions il y a dix ans n’existe plus aujourd’hui », avait-il alors déclaré, même s’il a depuis adouci sa rhétorique.
Après avoir été longtemps négligés, les six pays des Balkans ont désormais l’attention des gouvernements de l’EU, lesquels sont préoccupés depuis plusieurs années par l’influence de la Chine et de la Russie dans la région.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu en novembre dernier que si l’Union ne faisait pas davantage, « d’autres le feront ».
Un accord a été trouvé en mars parmi les Etats membres du bloc communautaire sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Albanie et la Macédoine du Nord, ce qui a contribué à atténuer le sentiment dans la région que les espoirs de rejoindre l’UE s’amenuisaient.
Aleksandar Vucic a fait part samedi des demandes qu’il comptait formuler aux dirigeants de l’UE: « Nous allons demander au commissaire (européen à l’Elargissement) Olivier Varhelyi un peu plus de subventions et moins de prêts ».
Pour ajouter aux problèmes, cinq pays de l’Union parmi lesquels l’Espagne ne reconnaissent pas l’indépendance du Kosovo.
(avec Gabriela Baczynska à Bruxelles et Maja Zuvela à Sarajevo; version française Jean Terzian)