Nouvelles sanctions européennes contre Moscou, suspension des pourparlers
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Les États membres de l’Union européenne ont adopté lundi une quatrième salve de sanctions contre des oligarques et des entreprises russes, dix-huit jours après l’invasion du territoire ukrainien par l’armée russe.
Les nouvelles sanctions visant la Russie n’ont pas été détaillées mais elles entreront en vigueur dès leur publication au journal officiel de l’UE.
La présidence française a également indiqué que les Vingt-Sept ont approuvé une déclaration à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) portant sur la suspension de l’application de la clause de la nation la plus favorisée à la Russie et la suspension de l’examen de la candidature de la Biélorussie à l’OMC.
Sur le front diplomatique, les discussions en cours entre Kiev et Moscou ont été suspendues et reprendront mardi, a-t-on appris de source ukrainienne.
Les négociateurs russes et ukrainiens se montraient dimanche prudemment optimistes sur l’issue des pourparlers, évoquant la possibilité de parvenir à des résultats positifs d’ici quelques jours.
Mais alors que de nouvelles discussions ont lieu depuis lundi matin entre Ukrainiens et Russes, la communication s’avère « difficile » entre les deux camps, a déclaré sur Twitter l’un des négociateurs ukrainiens, Mykhailo Podolyak.
La Russie nie cibler des civils, décrivant ses actions comme une « opération militaire spéciale » visant à démilitariser et « dénazifier » l’Ukraine mais la télévision publique ukrainienne a rapporté dans la matinée qu’un obus avait frappé un immeuble résidentiel à Kiev, faisant au moins un mort et trois blessés.
La Russie « se fait encore des illusions en pensant que 19 jours de violence contre des villes pacifiques (ukrainiennes) est la bonne stratégie », avait déclaré Mykhailo Podolyak avant l’ouverture des négociations.
Si les troupes russes n’ont pas pénétré dans Kiev, des milliers de personnes sont mortes dans d’autres villes ukrainiennes occupés ou encerclés depuis l’invasion du 24 février.
Un gouverneur régional a déclaré que les villes situées sur la ligne de front près de la capitalise étaient évacuées ce lundi pour la cinquième journée.
« Le cessez-le-feu dans notre région tient, bien qu’il soit très conditionnel », a déclaré Oleksi Kuleba, ajoutant que des explosions sporadiques pouvaient être entendues au loin.
Un convoi de plus de 160 voitures est parvenu à quitter Marioupol, selon des responsables locaux, dans ce qui semble être la première tentative réussie d’organiser un couloir humanitaire pour évacuer les civils de la ville ukrainienne encerclée par les forces russes.
LA RUSSIE DIT NE PAS AVOIR BESOIN DE LA CHINE
Victor Zolotov, le chef de la garde nationale russe et l’un des proches de Vladimir Poutine, a reconnu que l’offensive militaire de la Russie en Ukraine n’avançait pas aussi vite que prévu initialement par le Kremlin, contrairement aux déclarations officielles russes jusqu’à présent.
Des observateurs internationaux affirment depuis plusieurs jours que la Russie, qui comptait selon eux conquérir rapidement l’Ukraine après le lancement de son offensive le 24 février dernier, a été contrariée par la résistance des Ukrainiens et la capacité des Occidentaux à prendre des sanctions à son encontre, qu’elle avait sous-estimées.
Selon plusieurs responsables américains, la Russie a également sollicité auprès de la Chine la fourniture de matériel militaire, ce qu’ont réfuté Pékin et Moscou.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Jake Sullivan, qui échange actuellement à Rome avec le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, a mis en garde Pékin contre des sanctions économiques auxquelles il s’exposait en cas de soutien à la Russie.
Le Kremlin, qui affirme pouvoir prendre le contrôle total des principales villes ukrainiennes, a averti l’Occident qu’elle disposait d’une puissance militaire suffisante pour atteindre tous ses objectifs sans recourir à l’aide de la Chine.
Moscou a intensifié son offensive dimanche en attaquant la grande base militaire de Yavoriv, dans l’ouest de l’Ukraine, près de la frontière avec la Pologne.
Jusqu’à 180 « mercenaires étrangers » sont morts et un large stock d’armes fournies par l’étranger a été détruit, a affirmé la Russie quand l’Ukraine évoque, elle, au moins 35 morts et 134 blessés.
Alors que la guerre est entrée dans sa troisième semaine, les Nations unies estime que plus de 2,7 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine.
Des millions de personnes ont également été obligées de quitter leurs foyers mais sont restées sur le territoire ukrainien, la majeure partie se réfugiant dans l’Est du pays.
(Reportage des bureaux de Reuters; rédigé par Lincoln Feast et Philippa Fletcher; version française Laetitia Volga, édité par Jean-Michel Bélot)