Moins d’ordures à Paris, les éboueurs sont au front
PARIS (Reuters) – Le ralentissement des activités dû au confinement instauré en France pour tenter de freiner la propagation du coronavirus a pour conséquence une baisse du volume d’ordures : moins un tiers à Paris où les éboueurs sont sur le pont, dans un format réduit et autant que possible, protégés.
Depuis le 17 mars dans la capitale, le volume d’ordures collectées chaque jour est passé de 3.000 à 2.100 tonnes environ en raison de la fermeture des cafés, des restaurants et de l’absence de touristes. Le nombre d’agents de propreté sur le terrain est d’un millier contre 3.000 en temps normal.
Lundi matin dans le XVIIe arrondissement, Reuters a rencontré trois d’entre eux à l’oeuvre avant la levée du jour dans des rues inhabituellement désertes.
« On essaie de faire attention, on est bien équipés : des gants, des masques, des sous-gants, on essaie de mettre un cache-cou en plus, donc ça limite le risque. On fait gaffe, surtout », a déclaré anonymement Sébastien, 36 ans.
Son collègue Geffray Serbus, 30 ans, « aimerait bien être à la maison avec les enfants. Mais bon c’est le travail, on est obligés de venir et là c’est deux-trois jours par semaine au lieu de cinq ou six. »
Les horaires des professionnels de la propreté ont en effet été réduits et les missions limitées avec la suspension du ramassage des encombrants et la fermeture des déchetteries, notamment.
Les agents « ont reçu des consignes très précises et les équipements nécessaires pour assurer leur mission en toute sécurité. Les bennes sont lavées et désinfectées tous les jours selon un protocole rigoureux. Du gel hydroalcoolique est à disposition des agents dans toutes les bennes », a expliqué à Reuters une porte-parole de la mairie de Paris.
Des responsables syndicaux ont néanmoins fait part de leur inquiétude quant au manque de gel et de masques dans le secteur, surtout dans le privé. « Ce sont des métiers essentiels mais invisibles, il ne faudrait pas en faire de la chair à canons », a dit à Reuters Guy Martre, secrétaire général CGT de la filière.
Dans la moitié des arrondissements parisiens, le ramassage des ordures est assuré par des agents municipaux. Dans l’autre moitié, elle est déléguée à quatre sociétés privées (Urbaser, Pizzorno, Veolia et Derichebourg).
DES CENTRES DE TRI FERMÉS
Depuis le début du confinement, 130 camions bennes de la Ville de Paris sillonnent la capitale, et autant appartenant à des prestataires privés.
Les ordures de Paris et de plus de 80 communes alentours sont traitées par Sytcom, agence métropolitaine des déchets ménagers. Depuis le début du confinement, elle a maintenu les incinérateurs mais fermé quatre de ses cinq centres de tri afin de protéger les salariés.
Sur le terrain, les éboueurs font face, malgré l’inquiétude suscitée par cette maladie très contagieuse qui a fait plus de 2.600 morts en France en milieu hospitalier, selon le dernier bilan.
« Le contact entre collègues n’est plus le même : on respecte les distances de sécurité, il n’y a plus de poignée de main, un peu moins de rigolades entre les collègues, on sent quand même une certaine tension », témoigne Marc Delsalle, 54 ans, conducteur de camion.
Le travail est compliqué par les incivilités qui persistent, tels le dépôt d’ordures à même le trottoir.
« Il faudrait dire aux gens d’éviter de faire des tas sauvages comme ça et de mettre les ordures dans des conteneurs pour que ça nous évite de toucher et de risquer d’attraper le coronavirus ou d’autres maladies », dit Sébastien.
La bienveillance affleure heureusement dans les encouragements des petits messages manuscrits collés à même les poubelles où l’on peut lire le mot « Merci ».
(Avec Elizabeth Pineau)