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Macron veut mettre une France en crise sur un « chemin de justice »

PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a renoué mardi avec la tradition de l’interview du 14-Juillet en plaçant la fin de son quinquennat sur « un chemin de justice », alors que le pays affronte une crise économique majeure liée à l’épidémie de coronavirus.

« Nous avons devant nous des mois qui seront durs », a prévenu le président au terme de cet entretien de près d’une heure et demie où il a notamment détaillé des mesures d’aides pour les jeunes, premières victimes du chômage, et dit son souhait de remettre « sur l’ouvrage » la controversée réforme des retraites, qu’il considère comme « juste ».

Le « plan de relance » que le gouvernement prépare pour la rentrée, et dont le Premier ministre Jean Castex donnera les grandes lignes dans son discours de politique générale mercredi au Parlement, sera selon le président l’occasion d’un virage écologique.

« On doit rentrer, et ce plan de relance en est l’opportunité, dans la construction d’un modèle qui est à la fois écologique, industriel et environnemental », a-t-il dit.

Face à l’épidémie provoquée par le coronavirus, qui a fait plus de 30.000 morts en France et reste active à travers le monde, il a annoncé l’instauration prochaine, sans doute à partir du 1er août, de l’obligation de porter un masque dans les lieux clos.

« Nous avons des signes que ça repart un peu », a-t-il dit au sujet de cette épidémie. « Si on ne veut pas de deuxième vague, ça dépend de nous. »

Pour mettre en musique la partition des 600 jours qui le séparent de la fin de son quinquennat, Emmanuel Macron a remplacé il y a dix jours Edouard Philippe, apprécié par l’opinion, par Jean Castex, un haut fonctionnaire inconnu du grand public.

« CRISE DE CONFIANCE »

« C’est une page politique qui se tourne », a dit le président qui a présenté le nouveau chef du gouvernement comme un « homme de dialogue » et un « élu de terrain », maire de la petite ville de Prades, dans les Pyrénées orientales.

Au terme de trois ans au pouvoir marqués par la contestation, celle des Gilets jaunes et contre la réforme des retraites notamment, Emmanuel Macron a esquissé un mea culpa, reconnaissant un déficit d’explication de son action.

« Je le fais aussi pour que chacun retrouve la maîtrise de sa vie et de son destin et qu’il y ait un chemin de justice, et ça je ne l’ai pas assez montré », a reconnu le président, qui n’a donné aucun indice sur ses intentions pour l’après 2022 même s’il s’est projeté au-delà.

« On a le droit de voir loin et grand y compris quand il ne reste que 600 jours », a déclaré le président de 42 ans, qui s’est défendu d’avoir une politique marquée à droite appliquée par des ministres issus du camp conservateur comme Jean Castex et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

« Je revendique le dépassement politique parce que les concitoyens m’ont élu là-dessus », a-t-il dit, alors que le gouvernement sera complété dans les jours qui viennent par une série de secrétaires d’Etat et de commissaires.

Deux semaines et demie après des élections municipales marquées par une abstention record et de mauvais résultats pour son camp, Emmanuel Macron a reconnu « une crise de confiance », qui s’est encore exprimée mardi après-midi entre les places de la République et de la Bastille où ont manifesté des personnels soignants et des Gilets jaunes.

« Les critiques font partie du jeu démocratique, elles sont normales », a dit le président. « La haine, le discours radical, la brutalité (…) ça affaiblit plutôt la démocratie. »

(Elizabeth Pineau, édité par Bertrand Boucey)

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