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L’Etat islamique devrait se choisir un chef irakien expérimenté, selon des experts

par Ahmed Rasheed et John Davison

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BAGDAD (Reuters) – Le prochain chef du groupe Etat islamique (EI) devrait être issu d’un petit groupe de combattants irakiens qui ont participé à tous les combats depuis l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003, estiment deux responsables des services de sécurité irakiens et trois experts indépendants.

Sur la liste des successeurs potentiels d’Abou Ibrahim al Qourachi, qui a déclenché sa ceinture explosive pendant un assaut des forces spéciales américaines il y a une semaine dans le nord-ouest de la Syrie, figure un commandant de l’EI dont les Etats-Unis et l’Irak avaient annoncé la mort l’an dernier, ont précisé les responsables irakiens.

La mort de Qourachi, un Irakien de 45 ans qui n’apparaissait jamais en public et privilégiait les techniques discrètes de guérilla, est un nouveau coup porté au groupe djihadiste, un peu plus de deux ans après celle de son précédent « calife » et fondateur, Abou Bakr al Baghdadi, au cours d’une opération similaire en Syrie.

Les experts s’attendent néanmoins à ce que l’EI ne tarde pas à se désigner un nouveau chef capable de coordonner ses actions en Syrie et en Irak, où le groupe a retrouvé de la vigueur à la faveur d’un retour à sa tactique de harcèlement mobile des armées locales, après avoir contrôlé de 2014 à 2017 de vastes territoires dans ces deux pays.

Pour Fadhil Abou Raghif, un expert irakien qui conseille les services de sécurité de Bagdad, quatre combattants historiques de l’EI sont susceptibles de prendre la tête du groupe.

COMBATTANTS ENDURCIS

« Il y a parmi eux Abou Khadija, dont le dernier rôle connu était celui de chef de l’EI en Irak, Abou Muslim, son chef dans la province (irakienne) d’Anbar (où se trouvent notamment les villes de Falloujah et Ramadi, berceau du groupe, NDLR) et un autre appelé Abou Salih, sur lequel on sait très peu de choses sinon qu’il était proche de Baghdadi et Qourachi », détaille-t-il.

« Il y a enfin Abou Yassir al Issawi, qui serait toujours en vie (alors qu’il avait été donné pour mort en janvier 2021 après une frappe aérienne de la coalition sous commandement américain, NDLR). C’est un personnage important pour le groupe car il a une grande expérience militaire. »

Un responsable des services de sécurité irakiens a dit lui aussi penser qu’Issawi a survécu. Selon lui, l’EI n’annoncera cependant pas le nom de son nouveau chef avant d’avoir identifié les failles de sécurité qui ont permis aux Etats-Unis d’éliminer Qourachi.

Pour Hassan Hassan, grand spécialiste de l’EI et rédacteur en chef du magazine New Lines, il ne fait guère de doute que le prochain chef du groupe sera un vétéran irakien du djihad et un combattant endurci.

« S’ils le désignent dans les prochaines semaines, il sera forcément issu du premier cercle, le petit groupe issu de la province d’Anbar qui s’était formé aux premiers temps de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) », estime-t-il.

Le futur EI était à cette époque connu sous le nom d’Al Qaïda en Irak, groupe aujourd’hui rival, dont le premier chef, le Jordanien Abou Moussab Al Zarqaoui, s’était fait connaître par sa cruauté. Aussi bien Baghdadi que Qourachi étaient issus de ce petit groupe qui s’était notamment formé dans les prisons américaines en Irak. Les deux derniers étaient considérés comme des idéologues.

« L’EI N’A PAS ÉTÉ ÉRADIQUÉ »

A l’inverse, aucun des quatre successeurs potentiels de Qourachi n’a jamais été détenu par les forces américaines, et tous les quatre sont avant tout des combattants, ont dit à Reuters un responsable des services de sécurité et un officier de l’armée irakienne.

Pour Fadhil Abou Raghif, cela pourrait avoir une grande influence sur la stratégie du groupe.

« Le type d’attaques et d’opérations pourrait changer de nature en fonction de la personnalité du prochain dirigeant. Le nouveau pourrait être adepte des attaques de grande ampleur, des bombes et des attentats-suicides », une stratégie qui avait ébranlé l’état irakien avant la proclamation du « califat » à Mossoul en 2014, souligne le chercheur.

Quel que soit son successeur, la mort de Qourachi ne devrait selon de nombreux experts pas désorganiser profondément l’EI, qui a renoué depuis sa défaite en Irak en 2017 et en Syrie en 2019 avec sa stratégie du tournant des années 2010, celle d’un réseau de petits groupes autonomes difficiles à cibler.

« Ils sont de plus en plus difficiles à surveiller car ils ont arrêté depuis un moment d’utiliser des téléphones portables pour communiquer », souligne un des responsables des services de sécurité irakiens.

La juxtaposition de territoires contrôlés par différentes forces de sécurité (irakiennes, syriennes, kurdes, etc.) de part et d’autre des 600 km de la frontière syro-irakienne facilite aussi les mouvements des djihadistes d’un territoire à l’autre, relèvent certains responsables irakiens.

Ce qui fait dire à Lahour Talabani, ancien chef des services antiterroristes de la région autonome du Kurdistan irakien que « le califat a été défait mais l’EI n’a pas été éradiqué. Je ne crois pas que nous ayons fini le travail. »

(Reportage d’Ahmed Rasheed à Bagdad et John Davison à Bagdad, Souleymanieh et Genève, avec Dominic Evans à Istanbul ; version française Tangi Salaün, édité par Jean-Michel Bélot)

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