L’Azerbaïdjan et l’Arménie s’accusent mutuellement de viser des civils
BAKOU/EREVAN (Reuters) – L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont mutuellement accusés lundi d’avoir attaqué des zones civiles au neuvième jour du conflit dans le Haut-Karabakh.
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Les autorités séparatistes de cette enclave à la population majoritairement arménienne située en territoire azerbaïdjanais ont affirmé que les forces de Bakou avaient tiré des roquettes à Stepanakert et Chouchi.
« La riposte de l’armée de défense ne sera pas longue à venir », a dit Vahram Pogossian, porte-parole des autorités séparatistes.
L’Azerbaïdjan a déclaré de son côté que l’Arménie avait lancé des missiles en direction de plusieurs villes situées à l’extérieur du Haut-Karabakh, visant des zones densément peuplées et des infrastructures civiles.
Le ministère de la Défense précise que ses radars ont déterminé que les missiles avaient été tirés non pas du Haut-Karabakh, mais du territoire arménien.
« Dire que l’Arménie a ouvert le feu sur des bastions azéris relève de la pure désinformation », a démenti Artrsun Hovhannissian, du ministère arménien de la Défense.
Lors d’une visite en Turquie, membre de l’Otan allié à l’Azerbaïdjan, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a lancé un appel au cessez-le-feu, mais les perspectives de trêve paraissent lointaines à ce stade.
Dans une interview diffusée lundi à la télévision turque, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a exigé, comme Ankara, le retrait des troupes arméniennes de l’enclave du Haut-Karabakh et d’autres territoires azerbaïdjanais environnants.
« Nous ne visons pas les terres d’autres pays, mais ce qui est à nous doit nous revenir », a-t-il dit.
L’OTAN APPELLE AU CESSEZ-LE-FEU
Ilham Aliev a ajouté que la Turquie devait être partie prenante d’une solution négociée.
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a de son côté appelé des militaires démobilisés l’an dernier à s’engager volontairement « pour une guerre de survie de leur mère-patrie ».
Le dernier bilan des affrontements fourni par les autorités du Haut-Karabakh fait état de 21 morts supplémentaires dans les rangs des troupes séparatistes, ce qui fait un total de 223 tués dans leurs rangs depuis le début du conflit. Dix-neuf civils ont également perdu la vie.
Le procureur d’Azerbaïdjan a de son côté annoncé la mort de 25 civils depuis le début des affrontements. Aucun bilan n’a été donné concernant les forces azerbaïdjanaises.
Les ministres des affaires étrangères français, russe et américain, qui co-président le groupe de Minsk chargé de promouvoir un règlement négocié du conflit, ont condamné « l’escalade de violence inédite et dangereuse survenue dans et en dehors de la zone de conflit du Haut-Karabakh ».
« Les Ministres soulignent sans aucune réserve que les attaques récentes qui auraient visé des installations civiles, tant le long de la ligne de contact que sur les territoires azerbaïdjanais et arménien hors de la zone de conflit du Haut-Karabakh, et que le caractère disproportionné de telles attaques constituent une menace inacceptable pour la stabilité de la région », ajoutent-ils, réclamant à nouveau un cessez-le-feu immédiat.
Gelé depuis des années, le conflit entre les forces azerbaïdjanaises et les séparatistes arméniens de cette enclave montagneuse a repris le 27 septembre dernier, avec une intensité sans égal depuis la guerre meurtrière qui avait suivi l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991.
Des centaines de personnes ont perdu la vie dans ces nouveaux affrontements qui menacent de s’internationaliser, la Turquie soutenant l’Azerbaïdjan tandis que l’Arménie a un pacte militaire avec la Russie.
(Nailia Bagirova et Nvard Hovhannisyan; version française Henri-Pierre André, Jean-Stéphane Brosse et Jean-Philippe Lefief)