La Turquie réclame des excuses à la France
BERLIN (Reuters) – Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a déclaré jeudi qu’Ankara attendait des excuses de la France pour ses « fausses accusations » relatives à un incident survenu le mois dernier entre une frégate française et des bâtiments turcs.
Une enquête menée par l’Otan n’a pas corroboré la version présentée par Paris, a-t-il rappelé.
« La France devrait nous présenter des excuses plutôt que de s’opposer à la Turquie avec de fausses informations », a déclaré Cavusoglu lors d’une conférence de presse à Berlin.
Selon la France, des bâtiments turcs ont « illuminé » à trois reprises « avec leurs radars de conduites de tirs » la frégate Courbet le 10 juin dernier en Méditerranée orientale.
Le bâtiment français tentait alors de vérifier, dans le cadre de la mission de surveillance de l’Otan Sea Guardian, qu’un bateau turc naviguant transpondeur coupé et refusant de communiquer son port de destination ne transportait pas d’armes vers la Libye.
La France accuse la Turquie, membre comme elle de l’Otan, de ne pas respecter ses engagements sur la Libye.
Elle a décidé de suspendre temporairement sa participation aux opérations de surveillance de l’Otan en Méditerranée orientale le temps d’obtenir des clarifications de l’Alliance, principalement sur le respect de l’embargo qui frappe les livraisons d’armes à la Libye.
« La France a soutenu le mauvais camp en Libye », a commenté jeudi le chef de la diplomatie turque, dont le pays soutient diplomatiquement et militairement le gouvernement d’entente nationale de Fayez el Sarraj face à l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.
Mevlut Cavusoglu s’exprimait au côté de son homologue allemand, Heiko Maas, qui a appelé à un « dialogue constructif » pour résoudre le différend entre la France et la Turquie.
Entendue jeudi matin en visioconférence par la sous-commission Sécurité et Défense du Parlement européen, la ministre française des Armées, Florence Parly, a réitéré la version française de l’incident du 10 juin.
« Nous sommes censés être une alliance », a-t-elle ajouté en s’arrêtant sur le « comportement très préoccupant de la Turquie ».
« Un allié qui viole consciencieusement les règles que l’Alliance est censée faire respecter et tente de menacer ceux qui l’interrogent, ce n’est pas acceptable », a-t-elle dit.
(Madeleine Chambers avec Daren Butler et Ece Toksabay à Istanbul; version française Henri-Pierre André, édité par Jean-Michel Bélot)
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