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La crise du coronavirus menace la diversité culturelle, alerte l’Unesco

PARIS (Reuters) – Une partie des institutions culturelles pourraient ne pas rouvrir après la crise du coronavirus, une perte inestimable pour la diversité du monde, craint le sous-directeur général pour la Culture de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Ernesto Ottone Ramirez.

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Selon deux récents rapports de l’Unesco, qui compte 193 Etats membres, et du Conseil international des musées (Icom), neuf musées sur dix, soit 85.000 lieux, ont fermé leurs portes pendant la pandémie.

Près de 13% des participants à l’étude de l’Icom (portant sur 1.600 musées de 107 pays) disent craindre une fermeture définitive, surtout dans des régions d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient où les établissements culturels sont rares et récents, et un tiers pensent réduire leur activité.

« Si nous perdons un musée, un centre culturel ou un théâtre, cela affecte la diversité. Nous ne devons pas y toucher car cela réduit le champ des possibilités pour les générations à venir », a dit à Reuters, dans son bureau avec vue sur la Tour Eiffel, Ernesto Ottone Ramirez, arrivé il y a deux ans dans l’institution onusienne après avoir été ministre de la Culture du Chili.

« Certains ont perdu les subventions du gouvernement ou bien les sponsors, qui ont décidé de mettre de l’argent dans d’autres secteurs comme la santé et l’éducation, et beaucoup souffrent de l’absence totale de revenus depuis quatre ou cinq mois », a-t-il détaillé.

Le manque à gagner affecte les petits musées mais aussi des institutions anciennes comme le musée du Prado en Espagne et le château de Versailles en France, dont 75% du budget repose sur la billetterie.

Du transport des oeuvres à la programmation en passant par la situation des guides, des artistes, les réservations et les visites en ligne, le secteur doit entièrement revoir sa copie.

« Quand vous parlez aux directeurs, ils vous disent que les musées ont su se réinventer depuis 400 ans donc c’est aussi une possibilité de renouveau », dit Ernesto Ottone Ramirez.

L’extension du numérique ravive toutefois les inégalités entre les pays où internet est bien installé, et les autres.

La convalescence prendra du temps.

« Ce n’est pas comme un immeuble que l’on reconstruit. Par exemple, nous rebâtissons la mosquée Al-Nouri à Mossoul (Irak), une ville détruite à 80%. Là, c’est beaucoup plus compliqué parce que ce n’est pas un bâtiment qui est à terre, ce n’est pas une ville, c’est tout un écosystème de la culture. »

Pendant le confinement, encore d’actualité dans une partie du monde, l’Unesco a relevé une hausse du trafic illicite d’oeuvres d’arts; l’institution a dû stopper les projets en cours, alors que 91% des 1.200 sites classés au Patrimoine mondial ont été fermés.

Mi-avril, elle a lancé ResiliArt, vaste réflexion collective pour imaginer le monde culturel de demain. Une centaine de réunions en ligne mêlant des participants d’une soixantaine de pays ont déjà eu lieu.

(Elizabeth Pineau, édité par Marc Angrand)

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