La Champagne lance des vendanges historiquement précoces
par Elizabeth Pineau
BETHON, Marne (Reuters) – Sur les côteaux du Sézannais écrasés par le soleil d’août, au coeur du vignoble de Champagne, une dizaine de vendangeurs au dos courbé tranchent à l’épinette des grappes arrivées à maturité avec deux semaines d’avance par rapport à l’an dernier.
Lancer les vendanges un 13 août, comme ce fut le cas dans l’Aube la semaine dernière, on n’avait jamais vu ça de mémoire de Champenois.
« L’année est exceptionnelle de par le fort ensoleillement, très peu de pluie, et puis on observe depuis quelques années que ça a tendance à être de plus en plus précoce » dit Philippe Boulleray, qui a lancé la récolte jeudi dans son carré de 60 ares sur la commune de Bethon (Marne) dont l’église surplombe la campagne tissée de vignes. « On a fait une prise de maturité la semaine passée pour voir le taux de sucre dans nos moûts de raisin et il s’est avéré que pour cette parcelle-là c’était mûr, c’est pour ça que j’ai décidé de la vendanger. »
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Vincent Léglantier, qui adhère comme lui à la coopérative de la marque de champagne Le Brun de Neuville, abonde, histoire familiale à l’appui.
« C’est du jamais vu dans toute l’histoire de la Champagne. C’est la première fois qu’on commence aussi tôt. J’ai 34 ans, il y a 20 ans la norme c’était de vendanger aux alentours du 15-20 septembre. Ma mère a 74 ans et quand on remonte à 50 ans, la normalité c’était le 15 octobre. Donc on voit bien l’impact du réchauffement climatique sur notre vignoble, l’ensemble des vignobles français et même internationaux », dit le producteur.
Dans les rangs de vignes, les shorts et casquettes ont remplacé les manteaux et cache-nez des vendangeurs d’autrefois, qui travaillaient parfois sous la neige.
Comme chaque année depuis dix ans, Michal Sedy, Tchèque de 32 ans, a traversé l’Europe dans sa vieille auto pour venir vendanger en Champagne, aux cotés de 100.000 autres saisonniers.
« Je viens ici chaque année pour l’atmosphère, couper le raisin avec des amis. C’est un peu dur pour le dos, parfois vous vous coupez le doigt quand vous voulez aller trop vite », raconte, dans un rang de Chardonnay, ce représentant de la forte communauté de saisonniers issus d’Europe de l’Est.
Malgré les incertitudes liées à l’épidémie de coronavirus, la main d’oeuvre ne manque pas en Champagne, où les travailleurs ont cessé de couper les raisins face à face pour respecter la distance sanitaire. Les moments de convivialité sont réduits, même si la tradition du « cochelet », épisode festif qui marque la fin des vendanges, devrait perdurer.
Les conséquences de la pandémie sont surtout économiques. L’annulation des fêtes comme les mariages, la fermeture des bars et restaurants dans le monde entier a engendré une baisse des ventes de champagne estimée entre 20 et 35% sur 2020 soit un manque à gagner de 1,5 milliard d’euros.
COUPE À MOITIÉ PLEINE
La crise a conduit vignerons et Maisons de champagne à s’accorder pour réduire le volume des récoltes de raisin à 8.000 kg par hectare, en baisse de 22% par rapport à 2019.
« C’est peut-être le meilleur des mauvais accords auxquels on pouvait arriver », commente Damien Champy, président de la coopérative Le Brun de Neuville et secrétaire général du Syndicat général des vignerons, qui représente 97% des quelque 17.000 viticulteurs champenois.
Comme ses confrères, il espère un rebond, mais difficile de faire des prédictions quand les trois premiers marchés à l’export du vin de Champagne que sont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon sont touchés par la pandémie, tout comme la France, qui représente un peu moins de 50% des ventes.
« On parie sur l’avenir, sur un vaccin pour le premier trimestre ou le milieu d’année prochaine », dit-il. « Bien malin qui peut dire comment ça va se passer. »
En attendant des jours meilleurs, les bouteilles du « roi des vins » patientent à la cave.
« La baisse des ventes a représenté une mise en surstocks supplémentaire d’un peu plus de 30 millions de bouteilles, sur des ventes totales 2019 de 298 millions d’unités ; ça s’ajoute au stock existant », énumère Damien Champy. « Aujourd’hui en Champagne il y a un milliard de bouteilles. C’est aussi un gage de qualité. »
Vincent Léglantier, qui a vu ses ventes remonter en flèche cet été, veut rester optimiste.
« La Champagne a toujours su se réinventer », dit-il. « Il faut être positif : voir la coupe de champagne non à moitié vide mais à moitié pleine. »
(Edité par Jean-Michel Bélot)
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