Israël: Ouverture du procès pour corruption de Netanyahu
JERUSALEM (Reuters) – Le procès pour corruption de Benjamin Netanyahu s’est ouvert dimanche dans un tribunal de Jérusalem, une première en Israël pour un Premier ministre en exercice, qui s’estime pour sa part victime d’une chasse aux sorcières.
Benjamin Netanyahu, 70 ans, a assisté à cette audience entouré de ministres, une semaine seulement après le début officiel de son cinquième mandat – un record – à la tête d’un gouvernement d’union.
Sa dernière victoire a mis fin à plus d’un an d’impasse politique dans le sillage de trois élections aux résultats indécis.
Durant l’audience au tribunal qui a duré une heure, Benjamin Netanyahu portait un masque en raison de l’épidémie de coronavirus. A la question d’un juge visant à savoir s’il avait lu et compris les termes de l’acte d’accusation, il a répondu : « Oui votre Honneur. »
Le tribunal a fait savoir que sa présence n’était pas requise pour la prochaine audience prévue le 19 juillet. De l’avis d’analystes israéliens, le procès pourrait durer des mois, voire des années.
Le Premier ministre israélien a été inculpé en novembre pour des accusations de pots de vin, de fraude et d’abus de confiance dans trois affaires impliquant des cadeaux de la part d’amis milliardaires et la sollicitation présumée auprès des autorités de tutelle d’avantages pour des géants des médias en échange d’une couverture favorable.
A la tête du parti de droite Likoud, Benjamin Netanyahu décrit ces accusations comme une chasse aux sorcières menée par la gauche.
En tant que Premier ministre, il n’est pas tenu légalement de démissionner et a prévenu que la bataille judiciaire qui commence n’affectera pas sa capacité à faire son travail.
Avant l’audience, Benjamin Netanyahu s’est adressé à l’opinion, enlevant son masque pour s’adresser aux caméras de télévision dans les couloirs du palais de justice.
« Je comparais ici aujourd’hui, en tant que Premier ministre, debout et la tête haute », a-t-il déclaré.
Des partisans se sont réunis devant le bâtiment situé à Jérusalem-Est aux cris de « Bibi, roi d’Israël ». Des manifestants hostiles se sont rassemblés devant sa résidence, dans le centre-ville, brandissant une banderole où l’on pouvait lire « Crime Minister », un slogan que certains avaient écrit sur leur masque.
Au pouvoir depuis onze années consécutives, plus trois dans les années 1990, Benjamin Netanyahu a conservé le poste de Premier ministre grâce à un accord conclu le mois dernier visant à partager le pouvoir avec son principal adversaire, le centriste Benny Gantz.
En Israël, la corruption peut entraîner des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison assorties d’une amende. La fraude et l’abus de confiance sont punis de trois ans de prison au maximum.
(Maayan Lubell et Jeffrey Heller, Gilles Guillaume et Elizabeth Pineau pour le service français)