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Hong Kong sous tension face au projet de loi sécuritaire de Pékin

par Clare Jim et Jessie Pang

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HONG KONG (Reuters) – Le projet de la Chine d’imposer une loi de sécurité nationale au territoire semi-autonome de Hong Kong a été dénoncé vendredi par des militants démocrates qui y voient une volonté de les priver de leurs libertés par « la force et la peur » tandis que Washington estime qu’une telle législation « sonnerait le glas » de l’autonomie relative dont jouit la « région administrative spéciale ».

Un projet de manifestation en milieu de journée dans le quartier des affaires de la ville ne s’est toutefois pas concrétisé, seule une poignée de personnes s’étant rassemblées alors que la police anti-émeutes était visible dans les rues.

De nouveaux appels à des rassemblements nocturnes ont néanmoins émergé et Joshua Wong, l’une des figures du mouvement de contestation, s’apprêtait à annoncer des « actions de rue ».

« Pékin, a-t-il tweeté, essaie de réduire au silence les voix critiques des Hongkongais par la force et par la peur. »

« C’est le bon moment pour relancer les manifestations », a estimé Kay, une étudiante de 24 ans ayant participé en 2019 au mouvement de contestation, étouffé depuis le début de l’année par les mesures de confinement et les interdictions de rassemblements dues à l’épidémie de nouveau coronavirus.

LE RENSEIGNEMENT CHINOIS POURRAIT S’IMPLANTER À HONG KONG

Ce projet de loi sur la sécurité a aussi pesé sur les marchés financiers, la Bourse de Hong Kong chutant de 5,6% à la clôture en raison de la crainte des investisseurs de voir la ville perdre son statut de centre financier international.

Abordant cette question lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire ouverte ce vendredi à Pékin, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a déclaré que la Chine établirait un système juridique « solide », doté de moyens pour sa mise en oeuvre, afin d’assurer la sécurité nationale à Hong Kong et Macao, qui dispose également du statut de semi-autonomie.

Le projet de loi sur la sécurité pour Hong Kong, dont Reuters a pu consulter une ébauche, prévoit une transposition rapide des règles sécuritaires nationales dans la Loi fondamentale – qui fait office de Constitution pour le territoire – afin de lutter contre les activités sécessionnistes, subversives et terroristes ainsi que contre les ingérences étrangères.

Selon ce projet, les services de sécurité et de renseignements chinois – qui ne peuvent pas à l’heure actuelle intervenir à Hong Kong – pourraient « si nécessaire » établir des antennes dans la ville pour défendre la sécurité nationale.

Par ailleurs, la justice de Hong Kong, de même que l’exécutif et le Parlement local, « devront prévenir, stopper et punir efficacement les actes mettant en danger la sécurité nationale ».

La cheffe de l’exécutif local de Hong Kong, Carrie Lam, a déclaré que son gouvernement « coopérerait pleinement » avec le Parlement chinois pour garantir la sécurité nationale qui, a-t-elle ajouté, n’affectera pas les droits, les libertés ou l’indépendance de la justice.

« ARBITRAIRE ET DÉSASTREUX »

Ce projet pourrait encore compliquer les relations entre Pékin et Washington, déjà marquées par les tensions commerciales persistantes et des accusations réciproques sur la gestion de la pandémie de coronavirus.

Le président américain Donald Trump a ainsi prévenu dès jeudi que Washington réagirait « très fortement » si Pékin allait au bout de ce projet.

Vendredi, son secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, a dénoncé un projet « arbitraire et désastreux » qui « sonnerait le glas » de l’autonomie de Hong Kong.

Il a demandé à la Chine de « respecter le degré élevé d’autonomie de Hong Kong, ses institutions démocratiques et ses libertés civiques qui sont essentielles au maintien de son statut spécial en vertu du droit américain ».

A Londres, l’ancienne puissance coloniale, un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson a déclaré que la Grande-Bretagne attendait de la Chine qu’elle respecte les droits et les libertés dont bénéficient les habitants de Hong Kong et le « degré élevé d’autonomie » garanti au territoire dans le cadre de sa rétrocession à la Chine en 1997.

« Nous surveillons de près la situation (…) En tant que partie à la Déclaration commune (ndlr, qui a organisé en 1984 la restitution de Hong Kong), le Royaume-Uni est déterminé à défendre l’autonomie de Hong Kong et à faire respecter le modèle ‘un pays, deux systèmes' », a-t-il ajouté.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé en réaction à ces propos une interférence étrangère et prévenu que la Chine riposterait si les Etats-Unis tentaient de s’opposer à son droit de garantir sa sécurité nationale contre les « séparatistes ».

(Bureau de Hong Kong avec Lisa Lambert à Washington et Elizabeth Piper à Londres; version française Camille Raynaud, Myriam Rivet et Henri-Pierre André, édité par Bertrand Boucey et Jean-Michel Bélot)

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