Rechercher sur le site

Entrez les mots-clés dans la boîte ci-dessous :

Vous aimez nous lire?

Soutenez-nous !

Inscription à la newsletter

Coronavirus Covid-19: Les désinfections à large échelle contestées par des experts

La ville de Surabaya, deuxième agglomération indonésienne, a été survolée mardi par des drones pulvérisant des nuages de désinfectant, une initiative de plus en plus répandue à travers le monde pour lutter contre la pandémie de coronavirus en dépit des mises en garde émanant du corps médical.

Les opérations de désinfection à large échelle, généralement réalisées par des agents équipés de combinaisons de protection les faisant ressembler aux personnages des films « SOS Fantômes », sont presque devenues un spectacle courant avec la crise sanitaire en cours, du Grand Bazar d’Istanbul aux ponts mexicains en passant par des foules d’Indiens bravant le confinement pour rejoindre leurs régions d’origine après avoir perdu leur travail dans les grandes métropoles.

Mais ces interventions à fort impact visuel sont considérées par de nombreux experts comme une perte de temps et de moyens dans la lutte contre la pandémie qui a déjà tué près de 39.000 personnes à travers le monde, sans compter le risque sanitaire qu’elles représentent.

« C’est une image ridicule que nous avons vue dans de nombreux pays », estime Dale Fisher, spécialiste des maladies infectieuses basé à Singapour, qui dirige le réseau mondial d’alerte et d’action en cas d’épidémie de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Je ne pense pas que ça ajoute quoi que ce soit à la réponse et cela pourrait être toxique. Le virus ne survit pas très longtemps dans l’environnement et généralement les gens ne s’amusent pas à toucher le sol. »

Une porte-parole de la municipalité de Surabaya a comparé le chlorure de benzalkonium – le désinfectant largué par les drones, qui peut causer des irritations cutanées à haute dose – à du « savon », expliquant qu’il permettrait d' »affaiblir le virus afin qu’il ne pénètre pas dans les organismes ».

Pour Paul Tambyah, de la société de microbiologie clinique d’Asie Pacifique, le lavage des mains et le nettoyage ciblé des surfaces fréquemment touchées (comme les boutons d’ascenseur, les rampes d’escalier ou les interrupteurs par exemple) constituent des mesures de protection bien plus efficaces que les désinfections à large échelle.

Ces pulvérisations de désinfectant « sont probablement une façon peu onéreuse et visible (pour lutter contre le coronavirus) mais porter une attention particulière à l’hygiène personnelle et dans l’environnement est probablement plus efficace », souligne-t-il.

DES OPÉRATIONS INUTILES, VOIRE DANGEREUSES

En Malaisie, où un confinement national est en vigueur, les autorités ont également été pris d’une frénésie de désinfections à grande échelle dans les zones où de nombreux cas de contamination étaient recensés.

Mais les images de panaches de désinfectant tirés en l’air par des camions ou pulvérisés sur les routes font bondir les spécialistes.

« La désinfection des routes n’aura évidemment aucun effet », s’agace Christopher Lee, spécialiste des maladies infectieuses et ancien directeur général adjoint au ministère malaisien de la Santé.

Noor Hisham Abdullah, actuel directeur général de la santé en Malaisie, a précisé mardi que le gouvernement allait diffuser des recommandations à destination des autorités locales afin de s’assurer que les opérations de désinfection soient menées convenablement.

Dans la capitale indonésienne Djakarta, des caissons de désinfection ressemblant à des cabines téléphoniques fleurissent dans les rues, proposant aux passants une pulvérisation express visant à éliminer les germes présents sur leur peau et leurs vêtements.

« Je pense que c’est bien (…) Je me sens désinfectée après avoir été en contact avec plein de choses dans le bus (…) Je me sens bien protégée », a résumé Fany Anisa, habitante de la capitale indonésienne à la sortie d’un caisson placé près d’un arrêt de bus du centre-ville.

Ces installations, déployées par une entreprise privée avec le soutien des autorités locales, se sont attiré les critiques d’un expert, membre du comité qui conseille le gouvernement indonésien.

« Ce n’est bon ni pour la peau, ni pour la bouche, ni pour les yeux et ça peut provoquer des irritations », note Wiku Adisasmito, professeur de santé publique à l’Université d’Indonésie.

Pour Leong Hoe Nam, spécialiste des maladies infectieuses de l’hôpital Mount Elizabeth à Singapour, ces opérations de désinfection de masse ne sont rien d’autre que des visuels accrocheurs qui pourraient rassurer la population mais qui ne présentent aucune efficacité en termes de lutte contre le virus.

« Il serait plus judicieux d’utiliser des canons à eau pour disperser les gens et les faire rentrer chez eux. »

Faites un don au Journal Chrétien avant le 31 décembre et bénéficiez de 66% de déduction fiscale

Les commentaires sont fermés.