Chute record des demandes d’asile en Europe pendant la pandémie
(Reuters) – Alors que l’Union européenne prenait la décision, le 17 mars 2020, de fermer l’ensemble de ses frontières extérieures afin de freiner la propagation du nouveau coronavirus, les demandes d’asile en Europe, suspendues par une grande partie des Vingt-Sept, ont plongé pour atteindre, en avril dernier, leur niveau le plus bas de cette dernière décennie.
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Le nombre de demandes d’asile est ainsi tombé à 8.730, soit une baisse de 86% par rapport aux 61.421 demandes enregistrées au mois de février, d’après les chiffres obtenus par Reuters auprès du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO).
Ce dernier fait également état d’une baisse de 44% des demandes d’asile entre février et mars, alors que les États membres de l’UE entamaient leur combat contre la crise sanitaire.
« Il est évident que l’accès à l’Europe dont bénéficiaient jusque-là les candidats à l’asile a été sévèrement restreint au cours des derniers mois », a déclaré Nina Gregori, directrice exécutive de l’EASO. « Alors qu’ils tentaient d’échapper aux violences perpétrées dans leur pays d’origine, ils ont vu leur situation s’aggraver avec la crise du coronavirus », a-t-elle ajouté.
Selon les données fournies par l’EASO, la plupart des demandeurs d’asile recensés en avril 2020 était originaire de Syrie, d’Afghanistan, du Venezuela et de Colombie.
Ces dernières années, il leur était déjà devenu plus difficile d’atteindre l’Europe. L’UE a en effet bloqué les routes de migration terrestres qu’ils empruntaient et fourni à la Libye et la Turquie une aide afin d’empêcher les traversées maritimes ralliant le territoire des Vingt-Sept.
Quand l’Italie déclarait en avril qu’elle ne laisserait pas les bateaux de migrants amarrer, le gouvernement maltais annonçait qu’il ne pouvait plus garantir leur sauvetage ni permettre leur débarquement en plein état d’urgence.
Les migrants arrivés en Europe en période de crise n’ont pas encore pu demander l’asile et sont désormais plus vulnérables, a observé Petra Baeyens, conseillère juridique principale au Conseil européen sur les réfugiés et les exilés (ECRE).
« Ils disposent d’un accès limité aux soins de santé, et sont en situation irrégulière tant qu’ils n’ont pas déposé leur demande d’asile », a-t-elle précisé à Reuters. « Ils courent ainsi le risque de devenir victime d’exploitation. »
(Lena Masri; version française Juliette Portala)