Afghanistan: Macron fait état de discussions avec les taliban sur les évacuations
BAGDAD (Reuters) – Emmanuel Macron a déclaré samedi que des discussions « fragiles et provisoires » étaient engagées avec les taliban en Afghanistan, avec l’aide du Qatar, sur d’éventuelles opérations d’évacuation au-delà du 31 août pour les Afghans désireux de quitter leur pays.
En déplacement en Irak pour une conférence régionale, le président français a souligné que la réussite de ces pourparlers humanitaires étaient l’une des conditions à toute discussion politique avec les taliban.
Ces derniers ont pris de facto le pouvoir en Afghanistan après leur entrée dans Kaboul le 15 août, à l’issue d’une offensive éclair à travers le pays parallèlement au retrait militaire des Etats-Unis annoncé au printemps par le président américain Joe Biden.
Cette prise de pouvoir a amené les pays occidentaux à tenter d’évacuer dans l’urgence leurs ressortissants ainsi que tous les Afghans ayant collaboré avec eux durant 20 années de présence étrangère dans le pays, provoquant le chaos aux abords de l’aéroport de Kaboul vers lequel ont convergé des milliers de personnes. Les taliban ont déclaré que toutes les forces étrangères devraient avoir quitté l’Afghanistan le 31 août, devenue ainsi la date butoir pour ces évacuations malgré un nombre important de candidats au départ.
La France, qui a officiellement mis fin à ses évacuations de civils dans la nuit de vendredi à samedi, a évacué 2.834 personnes, dont 142 Français, 17 Européens et donc près de 2.700 Afghans via une quinzaine de vols depuis le 17 août, a dit Emmanuel Macron samedi.
« Nous sommes en train de mener des discussions. Elles demeurent extrêmement fragiles et provisoires », a déclaré le président français devant les journalistes à Bagdad. « Mais oui il y a des discussions qui se sont entamées avec les taliban sur le sujet des opérations humanitaires et de la capacité à protéger les rapatriés, les Afghanes et les Afghans qui sont en risque. »
PROJET DE CRÉATION D’UNE ZONE PROTÉGÉE À KABOUL
Ces discussions sont menées avec le Qatar, qui pourrait avoir la possibilité de « rouvrir des ponts aériens » avec l’Afghanistan, alors que l’émirat du Golfe accueille déjà depuis plusieurs années des représentants des taliban pour des négociations avec l’ancien pouvoir afghan et les Etats-Unis.
Ces ponts aériens « permettraient des opérations d’évacuation dans un cadre forcément différent (de celui en vigueur jusqu’au 31 août-NDLR) mais dans un cadre forcément et systématiquement négocié avec les taliban », a dit Emmanuel Macron.
« Ceci très clairement est une condition pour nous de toute forme d’engagement politique (…) à l’égard des taliban », a ajouté le président français.
Cité par le Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a fait savoir que la France et la Grande-Bretagne comptaient soumettre lundi au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution portant sur la création à Kaboul d’une zone protégée pour les Afghans désireux de quitter leur pays après le 31 août.
« Notre projet de résolution vise à définir, sous contrôle onusien, une safe zone à Kaboul qui permette de continuer les opérations humanitaires », a dit le président français, cité par le JDD.
L’objectif est aussi « de mettre chacun devant ses responsabilités », a ajouté Emmanuel Macron, en référence selon le JDD à la Russie et à la Chine, deux membres permanents du Conseil de sécurité disposant à ce titre d’un droit de veto, soupçonnés de d’accommoder de la prise de pouvoir des taliban en Afghanistan.
(Avec Manuel Ausloos, rédigé par Bertrand Boucey)