Recourir à l’Europe ne retardera pas le développement de la 5G, selon Thierry Breton
Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, estime que le recours à des entreprises européennes ne retardera pas le développement de la 5G en Europe, contrairement aux craintes formulées, en Allemagne notamment, sur les conséquences d’une mise à l’écart de l’équipementier chinois Huawei.
Dans un discours qu’il prononcera dimanche après-midi à Munich, dans le cadre de la conférence DLD (Digital Life Design), l’ancien ministre français des Finances soulignera que la mise en place de réseaux de téléphonie mobile de cinquième génération exigera des normes de sécurité plus sévères que pour les précédentes générations.
« La mise en place de conditions de sécurité plus strictes n’engendrera pas de retards dans le développement de la 5G en Europe », dira Thierry Breton, selon le texte du discours que Reuters a pu consulter par avance.
« L’Europe, y compris l’Allemagne bien sûr, est sur les rails. Nous ne sommes pas en retard en Europe dans le déploiement de la 5G », fera-t-il valoir.
Ces propos de Thierry Breton interviennent en plein débat sur le rôle que doit jouer l’équipementier chinois Huawei dans le développement de la 5G et contredisent ceux du ministre allemand de l’Intérieur Horst Seehofer, qui a estimé cette semaine que la mise à l’écart de Huawei retarderait de cinq à dix ans l’installation de la 5G en Allemagne.
« Je ne vois pas comment nous pourrons mettre en place la 5G en Allemagne sans la participation de Huawei », a déclaré Seehofer dans les colonnes du Frankfurter Allgemeine Zeitung.
« SOUVERAINETÉ TECHNOLOGIQUE »
Thierry Breton, qui est à la tête d’un vaste portefeuille à la Commission (marché intérieur, politique industrielle, numérique, défense, espace), invite au contraire l’Europe à préserver sa « souveraineté technologique » en développant des solutions alternatives à la Chine ou aux Etats-Unis dans les domaines stratégiques.
A Munich, le commissaire au Marché intérieur n’appellera pas à l’exclusion de Huawei: « Toute entreprise, européenne ou non, sera la bienvenue tant qu’elle respecte les règles européennes. Nous ne construirons pas une forteresse européenne. »
Mais sa défense des intérêts européens devrait sonner agréablement à l’oreille des concurrents européens de Huawei tels que Nokia ou Ericsson.
Les conservateurs allemands se divisent actuellement sur une proposition des sociaux-démocrates, leurs partenaires de coalition, qui reviendrait à bannir Huawei du développement de la 5G en Allemagne.
Le gouvernement américain fait également pression sur tous ses alliés pour qu’ils interdisent l’équipementier télécoms chinois en raison de soupçons d’espionnage. Huawei rejette les accusations de l’administration Trump.
Les opérateurs allemands sont tous clients de Huawei, premier équipementier télécoms mondial avec 28% de part de marché, et estiment que sans Huawei, le lancement de la 5G en Allemagne sera retardé de plusieurs années et coûtera des milliards d’euros supplémentaires.
L’ambassadeur de Chine à Berlin, Ken Wu, a en outre laissé entendre le mois dernier que Pékin pourrait se livrer à des représailles en cas d’exclusion de Huawei, en visant notamment les millions d’automobiles vendus en Chine par les constructeurs allemands.