Plus de 230 chrétiens tués au Nigeria
Plus de 230 chrétiens ont été tués par des islamistes peuls dans le centre du Nigéria, et des dizaines de milliers ont dû fuir. La Solidarité Chrétienne Internationale approvisionne onze camps de réfugiés avec des biens de première nécessité.
Jerry et Rachel ont survécu avec leurs quatre enfants à l’attaque brutale menée contre leur maison par cinq islamistes peuls, même si Jerry a eu de graves blessures à la main : « Nous remercions Dieu d’être toujours en vie. »
Ce jour-là, la famille se sent complètement impuissante quand elle voit, depuis sa maison, comme des islamistes tuent leurs voisins avant de se diriger vers leur logis. Jerry raconte aux collaborateurs de CSI Franco Majok et Joel VanderSpek : « Dans ma détresse, j’ai prié Dieu de nous montrer la bonne cachette. » Jerry essaie encore de barricader la porte, mais les islamistes sont plus rapides et font irruption dans la maison : « Mes quatre enfants étaient cachés sous le lit et essayaient de ne pas bouger, malgré la panique. » Les cinq islamistes peuls sont armés de fusils, de gourdins et de machettes. « Ils nous ont facilement trouvés, ma femme et moi, et s’en sont pris à nous avec leurs couteaux. Ils nous ont finalement laissés pour morts et ils ont disparu. Lorsque mon fils a vu la mare de sang dans laquelle nous gisions, il est rapidement sorti de sa cachette. J’ai dû à nouveau le pousser sous le lit jusqu’à ce que nous soyons assurés que le danger était passé. »
Les chrétiens doivent être exterminés
Jerry et Rachel font partie des quelque trente mille chrétiens qui ont survécu à l’attaque meurtrière des bergers peuls et qui ont fui leurs villages. La plupart des déplacés ne peuvent pas retourner chez eux. Leurs maisons ont été incendiées ou occupées par les assaillants. Leurs troupeaux ont pâturé et rasé des centaines de terrains agricoles, des terres qui étaient autrefois habilement cultivées et qui donnaient de belles récoltes. Rien que dans le village de Jol, situé à proximité de la ville de Jos, trois cent cinquante champs ont été saccagés.
Quelques personnes pourchassées ont toutefois tenté de retourner dans leurs villages malgré ces attaques. Mais les Peuls les en ont empêchés en leur posant cette question : « Qui vous a donné l’autorisation de revenir ? »
L’attaque meurtrière des milices peules islamistes ne constitue pas un cas isolé. Elle fait partie d’une série d’attaques visant à chasser les chrétiens de leur patrie. Le responsable CSI Franco Majok explique : « Les islamistes ont ciblé les chrétiens lors de leurs attaques et ils ont épargné tous les musulmans. Certains agriculteurs musulmans ont même soutenu les agresseurs en leur indiquant les fermes chrétiennes. »
40 000 francs pour les victimes des violences
Il faut rappeler que les chrétiens sont majoritaires dans le centre du Nigéria, mais les attaques continuelles des bergers peuls islamistes les ont totalement déstabilisés, ainsi que la défection de l’armée nigériane qui ne leur accorde plus aucune protection. À la suite du massacre, la conférence des évêques catholiques du Nigéria a de nouveau demandé au président Muhammadu Buhari de démissionner.
La Solidarité Chrétienne Internationale a promis d’accorder une première aide de 40 000 francs suisses destinés à la distribution de biens de première nécessité dans onze centres de réfugiés : du riz, des haricots, du bois de feu, des couvertures ainsi que des récipients pour l’eau potable. Franco Majok déclare :
« Je n’ai pas vu de dispositif d’aide plus grand que le nôtre, ni de la part de l’ONU, ni de la part d’autres ONG internationales. »
L’aide sur place se poursuit. Franco Majok décrit la situation :
« Les conditions de vie dans les camps de réfugiés sont misérables et l’on y manque de tout, même d’aliments et d’eau. Il faut absolument creuser de nouveaux puits et mettre en place de nouvelles installations sanitaires. »
Les responsables de la Solidarité Chrétienne Internationale se font également du souci pour la formation scolaire des enfants. Pour eux, il faut ouvrir des classes temporaires, car les quelques locaux disponibles ne suffisent pas pour accueillir tous les enfants de réfugiés.