Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025
L’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2025 fait état d’une intensification générale de la persécution dans le monde, portée par la violence. Dans la tourmente des insurrections djihadistes, sous les régimes autoritaires, ou au milieu du chaos des guerres civiles, les minorités chrétiennes sont doublement vulnérables et, particulièrement ciblées, voient leurs droits fondamentaux bafoués en toute impunité.
LA CORÉE DU NORD, OÙ LES CHRÉTIENS N’ONT PAS LE DROIT D’EXISTER
À l’exception de 2022, la Corée du Nord est chaque année depuis 2002 en tête de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens. Dans un régime basé sur le culte de la personnalité (d’aucuns parlent de « Kimilsungisme ») où les Nord-Coréens se prosternent devant les statues de la dynastie dirigeante et les remercient avant de prendre le repas, croire en Dieu est une trahison envers l’État.
Les chrétiens n’ont pas le droit d’exister en Corée du Nord. La loi contre la pensée réactionnaire fait de la Bible un livre interdit. Aucune expression de la foi n’est tolérée, bien qu’il existe quelques églises contrôlées par l’État à Pyongyang, présentées aux visiteurs à des fins de propagande.
On estime que malgré ce déni de tout droit d’existence, près de 400 000 personnes sont secrètement chrétiennes en Corée du Nord. Ceux dont la foi est découverte sont exécutés sur le champ ou envoyés en camps de prisonniers politiques avec leur famille, où ils subissent travaux forcés et tortures.
Une coopération accrue entre les services secrets chinois et nord-coréens entraîne une hausse des identifications des défecteurs qui ont fui la Corée du Nord pour la Chine. Ces derniers sont renvoyés de force en Corée du Nord, où l’on tentera notamment de découvrir s’ils sont devenus chrétiens…
LES CHRÉTIENS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE PRIS POUR CIBLE PAR LE DÉCHAÎNEMENT DE LA VIOLENCE DJIHADISTE
Dans un contexte d’instabilité croissante, de nombreux groupes extrémistes profitent du vide de pouvoir pour contrôler des territoires et étendre leurs activités. Les chrétiens constituent pour eux des « infidèles », cibles privilégiées. Sur les 15 pays d’Afrique Subsaharienne présents dans l’Index 2025, 13 ont des niveaux extrêmes de violence contre les chrétiens.
Congo (RDC): le groupe ADF dans la droite ligne de l’État islamique
Ayant prêté allégeance au groupe État islamique, les ADF (Forces démocratiques alliées) reproduisent leur mode opératoire. Premier responsable des meurtres de centaines de chrétiens, le groupe a aussi kidnappé plusieurs pasteurs en 2024.
Tchad: entrée alarmante dans l’Index
Dans le Sud-Ouest, le groupe Boko Haram et les Fulanis radicalisés profitent de l’instabilité du pays (tensions politiques, crise des réfugiés venant du Soudan…) pour se livrer à des tueries et à des enlèvements, engendrant des déplacements forcés de population et alimentant les discriminations contre les chrétiens.
Nigéria: le pays aux milliers de martyrs
Les milices fulani (peules) radicalisées font désormais plus de victimes que les groupes terroristes comme Boko Haram et ISWAP (État islamique en Afrique de l’Ouest). Les chrétiens sont ciblés disproportionnellement (de l’ordre de 3 chrétiens tués pour un non-chrétien alors que la moitié de la population est chrétienne, d’après l’Observatoire de la Liberté Religieuse en Afrique). Les attaques prennent la forme de raids de villages, de meurtres, de kidnappings, de viols, de destructions de propriétés. Si le nouveau président Bola Ahmed Tinubu semble avoir rééquilibré la représentation de la diversité religieuse au sein de gouvernement, il n’a pas réussi à endiguer les violences. Les attaques de Pâques 2024 dans le Sud de l’État de Kaduna, dans une zone avec pourtant une forte présence militaire, l’illustrent cruellement.
Mali 14: le chantage des djihadistes
Une situation illustre la vulnérabilité des chrétiens : en août 2024, les responsables d’églises dans la région de Mopti sont convoqués par des djihadistes, afin « de ne pas être surpris quand ils attaqueraient ». Ces derniers leur présentent leurs règles de vie : tous les chrétiens doivent se convertir à l’islam, financer le djihad et payer une taxe aux extrémistes. S’ils refusent, les chrétiens n’ont pour autre option que de fuir ou de se préparer à être attaqués…
Burkina Faso: menace existentielle sur « le pays des hommes intègres»
Le pays traverse une crise sans précédent : 40 % du territoire est sous contrôle terroriste, 10% de la population est déplacée interne, 6 000 écoles fermées (1 million d’enfants déscolarisés). Les chrétiens payent le prix fort, alors que plusieurs attaques djihadistes ont visé directement les églises, comme à Essakane en février 2024 ou à Kounla en août 2024.