La BCE doit séparer instruments de politique et de transmission, dit Knot
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.FRANCFORT (Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) devrait faire une distinction plus claire entre les instruments utilisés pour maîtriser l’inflation et ceux visant à stabiliser les marchés financiers, a déclaré jeudi Klaas Knot, gouverneur de la banque centrale néerlandaise et membre de l’institution de Francfort.
La succession rapide de crises au cours de la dernière décennie, de l’inflation très basse à la pandémie de COVID-19 puis à la flambée des prix, a contraint la BCE à imaginer de nouveaux instruments. Cette situation a souvent créé le flou sur le principe selon lequel les outils de politique de l’institut d’émission monétaire devraient être séparés de ceux utilisés pour la stabilité financière.
« A l’avenir, nous pourrions vouloir séparer les instruments qui guident l’orientation de la politique monétaire de ceux qui soutiennent la transmission », a déclaré Klaas Knot lors d’un discours prononcé à Paris.
« Distinguer l’orientation monétaire de la sauvegarde de la transmission monétaire a du sens car ces opérations peuvent devoir être mises en oeuvre dans des directions opposées », a ajouté Klaas Knot.
Les discussions sur la manière dont la BCE utilise certains instruments s’intensifient alors que la banque se prépare à une révision de sa stratégie l’année prochaine et qu’elle cherche à tirer les leçons de la récente poussée d’inflation.
L’une des questions clés qui sera soulevée est celle des achats d’obligations, l’instrument privilégié de la BCE pendant la majeure partie de la dernière décennie.
Si les achats d’obligations permettent de stabiliser rapidement les marchés, la dette reste au bilan de la banque pendant une longue période. La BCE, qui a relevé de manière agressive ses taux pour faire refluer l’inflation, est ainsi toujours assise sur des milliers de milliards d’euros de d’obligations achetées durant la période où l’inflation était extrêmement faible.
Certains économistes, comme Isabel Schnabel, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, estiment que des achats de titres financiers à court terme et de manière temporaire doivent être maintenus, tandis que le programme d’achats massifs, dit « quantitative easing (« assouplissement quantitatif »), doit lui être utilisé avec une plus grande prudence en raison de ses effets secondaires à long terme.
Selon Klaas Knot, l’instrument de protection de la transmission (IPT), qui pourrait être utilisé pour atténuer l’impact des hausses désordonnées et jugées injustifiées des coûts d’emprunt en zone euro, constitue un bon exemple de la manière dont les outils peuvent être mis en oeuvre avec davantage de distinction.
Le gouverneur de la banque centrale néerlandaise souligne que la simple existence de ce filet de sécurité a calmé les marchés et permis à la BCE d’augmenter ses taux directeurs.
(Reportage Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)