La polygamie très prisée dans quatre régions du Cameroun selon un rapport de l’INS
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Au Cameroun, la pratique du mariage polygamique est plus fréquente dans certaines régions que dans d’autres, a révélé un rapport sur les statistiques de l’état-civil 2018-2022, publié par l’Institut national de la statistique (INS).
Selon ces données, l’Adamaoua est la région où la polygamie est la plus courante. En 2018, sur les 1424 mariages enregistrés dans cette région, 1072 étaient polygamiques, représentant ainsi 75,3% des mariages. Cette région est suivie par l’Ouest (45%), le Nord (32%) et le Littoral (29%). En revanche, ce régime matrimonial est moins répandu dans les régions du Centre (12%), du Nord-Ouest (12%) et du Sud-Ouest (6%).
Les raisons de cette forte prévalence de la polygamie dans certaines régions sont en grande partie culturelles et religieuses.
Par exemple, dans l’Adamaoua et le Nord, majoritairement musulmanes, la polygamie est permise par le Coran qui autorise un homme à épouser jusqu’à quatre femmes, à condition de les traiter de manière juste et équitable, conformément au verset 3 de la sourate 4 “Les femmes“.
Bien que le Coran n’impose pas la polygamie, il en encadre les modalités et les conditions, ce qui fait que cette pratique est courante dans ces zones. En outre, le droit camerounais reconnaît la polygamie, qui est régie par le Code civil.
Ce dernier permet à un homme d’épouser plusieurs femmes, sous réserve de respecter certaines formalités. Parmi ces conditions, l’homme doit informer sa première épouse de son intention d’épouser une autre femme et veiller à l’égalité des droits et des devoirs entre les épouses.
L’ordonnance du 29 juin 1981, relative à l’organisation de l’état civil et aux diverses dispositions relatives à l’état des personnes physiques, stipule que les époux doivent préciser le régime matrimonial de leur choix (monogamie ou polygamie) lors de la célébration du mariage.
Si cette précision n’est pas donnée, le magistrat inscrit automatiquement le mariage sous le régime polygamique. Dans ce cadre, le mari peut choisir un système matrimonial lui permettant d’avoir plusieurs épouses simultanément
La polygamie est cependant plus courante en milieu rural qu’en milieu urbain, apprend-on. Selon le rapport de l’INS, cette pratique a été étudiée dans le cadre de la cinquième Enquête démographique et de santé du Cameroun (EDSC-V 2018) qui s’intéresse aux personnes vivant en union, qu’elles soient mariées ou en concubinage.
L’enquête a révélé que 30 % des femmes et 18 % des hommes vivent dans une union polygamique en milieu rural, contre 13 % des femmes et 7 % des hommes en milieu urbain. Cette pratique est encore moins répandue dans les villes de Yaoundé et Douala (4%), les deux grandes métropoles du Cameroun.
Bien que la polygamie soit plus répandue dans certaines régions du Cameroun, elle reste minoritaire à l’échelle nationale par rapport au mariage monogamique.
Selon le Bureau national de l’état civil du Cameroun (Bunec), sur les 33 001 actes de mariage établis en 2018 dans le pays, 73% étaient des mariages monogamiques contre 26% des mariages polygamiques.
Cela montre que, malgré sa forte prévalence dans des régions spécifiques comme l’Adamaoua, le système monogamique reste largement dominant au Cameroun.