Kamala Harris promet une approche durcie sur l’immigration, des armes à Israël
La vice-présidente américaine Kamala Harris a promis jeudi, lors de son premier entretien à un média national depuis sa nomination comme candidate du Parti démocrate pour l’élection présidentielle de novembre, une approche durcie sur la question de l’immigration à la frontière sud des Etats-Unis et déclaré qu’elle ne suspendrait pas les livraisons d’armes à Israël.
Cette interview à la chaîne de télévision CNN, enregistrée dans l’après-midi et diffusée en ‘prime time’, a mis en exergue la volonté de Kamala Harris de montrer qu’elle maîtrise les sujets importants et de donner aux Américains une idée de ses positions politiques en amont du scrutin du 5 novembre.
La vice-présidente démocrate a exprimé son intention de pousser en faveur d’une nouvelle loi sur le contrôle des frontières destinée à restreindre les flux de migrants arrivant au sud des Etats-Unis et promis de « faire respecter nos lois » contre les traversées illégales.
« Nous disposons de lois qui doivent être respectées et appliquées. Elles répondent à la question des personnes qui traversent illégalement nos frontières. Il doit y avoir des conséquences », a-t-elle dit au cours de l’entretien, organisé à Savannah en Géorgie, où elle effectuait un déplacement de campagne.
Kamala Harris a par ailleurs réaffirmé le soutien sans faille apporté par le président Joe Biden à Israël, rejetant l’appel de certains élus démocrates à repenser les livraisons d’armes à destination de l’Etat hébreu du fait du lourd bilan civil de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza.
Disant soutenir un Israël fort, elle a ajouté toutefois qu’il fallait « obtenir un accord » pour mettre fin au conflit qui ravage l’enclave palestinienne depuis près de onze mois.
Interrogée sur l’hypothèse d’une suspension des livraisons d’armes à Israël, Kamala Harris a répondu: « Non, nous devons boucler un accord » prévoyant un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages qui y sont encore détenus depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre dernier.
« MES VALEURS N’ONT PAS CHANGÉ »
Kamala Harris a redonné du souffle à la campagne électorale des démocrates, dont des élus de haut rang ont poussé Joe Biden, 81 ans, à abandonner cet été sa campagne de réélection, doutant de la capacité de ce dernier à battre Donald Trump puis, le cas échéant, à gouverner quatre ans de plus.
Elle a engrangé des centaines de millions de dollars de dons de campagne et tenu des meetings pleins de ferveur à travers le pays.
Des républicains, au premier rang desquels Donald Trump, l’ont critiqué pour n’avoir donné aucun entretien à une chaîne de télévision ou quotidien national depuis que Joe Biden a mis fin le 21 juillet à sa campagne électorale en apportant son soutien à la candidature de sa vice-présidente.
Alors que certains s’inquiétaient que Kamala Harris puisse se montrer moins à l’aise lors d’un entretien télévisé que lors de meetings de campagne, pour lesquels elle dispose d’un discours préparé et d’un prompteur, elle n’a commis jeudi aucun faux-pas notable.
Elle a défendu le bilan de l’administration Biden s’agissant de la lutte contre l’inflation, déclarant que le président et elle avaient hérité d’une économie ravagée par la crise du COVID et la mauvaise gestion de la situation par Donald Trump, locataire de la Maison blanche lorsque l’épidémie a débuté.
Kamala Harris a dit qu’un travail important avait été effectué pour baisser les prix mais que ceux-ci demeuraient « trop élevés ».
Entre sa campagne pour l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020 et sa désignation comme candidate du parti en remplacement du président Joe Biden, formalisée plus tôt ce mois-ci, Kamala Harris a adopté une position plus centriste sur la question de l’immigration à la frontière avec le Mexique.
Elle a également dit ne plus vouloir interdire la fracturation hydraulique – un mode de production d’énergie qui emploie de nombreuses personnes en Pennsylvanie, l’un des Etats considérés comme décisifs pour l’élection présidentielle.
Elle a répété dans l’entretien accordé à CNN que « (ses) valeurs n’ont pas changé ».
Rejointe par son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, la vice-présidente démocrate a également évoqué la possibilité de nommer un républicain parmi les membres de son gouvernement en cas de victoire électorale, disant être favorable à une diversité d’opinions.
« Il est important d’avoir autour de la table, quand sont prises certaines des décisions les plus importantes, des gens ayant des avis différents, des expériences différentes. Je pense que cela serait profitable aux Américains d’avoir un membre de mon gouvernement qui soit républicain ».
(Andrea Shalal à Savannah et Steve Holland à Washington, avec la contribution de David Ljunggren et Kanishka Singh; version française Jean Terzian)