Une victoire de Trump pousserait l’inflation et les taux à la hausse, selon des économistes
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Michael S. Derby
NEW YORK (Reuters) – La Réserve fédérale (Fed) aurait plus de mal à ramener l’inflation sous contrôle si Donald Trump était réélu à la tête des États-Unis, ce qui pourrait pousser l’actuel candidat républicain à attaquer la banque centrale, estiment des économistes.
Ces derniers considèrent que le programme du candidat républicain, qui inclut une hausse des droits de douane, une expulsion massive de nombreux travailleurs sans papiers et une hausse des dépenses de l’Etat pourrait raviver les pressions inflationnistes et obliger la Fed à relever de nouveau ses taux.
Les observateurs s’attendent à l’application de droits de douane de 10% sur l’ensemble des biens importés, un niveau qui pourrait être encore plus élevé pour les produits chinois, ce qui déclencherait une hausse ponctuelle de l’inflation.
Un modèle conçu par Oxford Economics calcule qu’un deuxième mandat de Donald Trump porterait l’inflation de 0,3 à 0,6 point de pourcentage au-dessus du niveau qu’elle aurait atteint toutes choses égales par ailleurs.
Dans le cas d’une élection de Kamala Harris, la candidate démocrate, cette inflation excessive n’atteindrait que 0,1 à 0,2 point de pourcentage.
RETOURNEMENT DE SITUATION
Un retour de l’inflation serait un véritable retournement de situation pour la Fed, sur le point de ramener une dynamique des prix longtemps trop élevée à sa cible.
« Le programme de Trump est inflationniste. Des droits de douane plus élevés, une politique budgétaire expansionniste, des expulsions massives, tout cela contribuerait à porter l’inflation et les taux à des niveaux plus élevés », estime Mark Sobel, président de l’Official Monetary and Financial Institutions Forum, un groupe de réflexion.
Les hausses des droits de douane et une « forte » restriction de l’accès au travail des étrangers mènera à une « résurgence de l’inflation », qui obligera la Fed à maintenir ses taux à leurs niveaux actuels pendant « bien plus longtemps », écrit dans une note Diane Swonk, chef économiste chez KPMG U.S.
La position démocrate sur le commerce est « très éloignée de celle de Trump », souligne Oscar Munoz, stratégiste macro chez TD Securities.
Les mesures « ciblées » proposées par les démocrates « n’auraient pas d’impact important sur nos prévisions de croissance ou d’inflation », ajoute l’observateur.
Les analystes d’Evercore ISI jugent que la Fed mettra plus de temps que les marchés à s’adapter aux implications d’une victoire de Donald Trump, mais que la banque centrale pourrait repousser les futures hausses de taux, jusqu’à les éloigner fin 2025.
« Le peuple américain n’a pas besoin d’économistes pour savoir quel président a rempli leurs poches », a rétorqué la secrétaire de presse nationale pour la campagne de Donald Trump, Karoline Leavitt.
« Lorsque le président Trump aura retrouvé la Maison blanche, il remettra en place son programme pro-croissance, pro-énergie, pro-emploi pour faire reculer le coût de la vie et soutenir tous les Américains ».
PREVISIONS MOUVANTES
La manière dont la Fed intégrera les implications d’une victoire de Donald Trump est encore incertaine, mais au moins un ancien responsable de politique monétaire estime qu’elle doit d’ores et déjà en prendre compte.
« Si une victoire de Trump semble probable, la Fed devra se demander si s’appuyer sur les données actuelles pour décider de baisser les taux est pertinent: si le programme est appliqué, un choc inflationniste pourrait les forcer à faire machine arrière. Il n’est pas question de politique mais de prendre en compte l’évolution des perspectives économiques », a écrit sur X ce mois Eric Rosengren, ancien président de la Fed de Boston.
Le président de la Fed de Richmond, Thomas Barkin, s’élève contre une telle interprétation.
« Je pense qu’il est très compliqué » de décider de la politique monétaire actuelle en cherchant à anticiper les prochaines décisions du gouvernement, a déclaré le responsable à des journalistes la semaine dernière.
Interrogé ce mois-ci par le Congrès, le président de la Fed, Jerome Powell, n’a pas souhaité aller plus avant sur l’impact qu’une hausse des tarifs douaniers aurait sur la politique monétaire.
IMPACT PROGRESSIF
Jason Furman, professeur d’économie à Harvard, explique que la hausse de l’inflation aurait lieu de manière progressive.
« Il n’y aura pas des taux de 5%, 6% d’inflation », rassure-t-il, ajoutant que l’inflation serait toutefois plus élevée et la politique monétaire plus restrictive.
La manière dont Donald Trump réagirait à une pause dans l’assouplissement monétaire, voire à une hausse de taux, est une autre inconnue importante. Son mandat avait été marqué par ses dissensions avec Jerome Powell, mais le candidat républicain a récemment déclaré vouloir laisser l’actuel président à son poste jusqu’à la fin de son mandat, prévue en 2026.
Barry Eichengreen, professeur d’économie à Berkeley, a déclaré vendredi que Donald Trump pourrait essayer de modifier le fonctionnement de la Fed si celle-ci prenait des décisions allant à l’encontre de ses initiatives politiques.
« En mai 2026, le président Trump pourrait choisir de nommer un président de la Fed plus docile » et qui n’agirait pas pour contrer la hausse de l’inflation, ce qui l’aggraverait, imagine Barry Eichengreen.
En dernière analyse, les marchés pourraient pourtant empêcher Donald Trump d’agir à sa guise avec la banque centrale.
« Il y aura au minimum une réaction de marché si l’indépendance de la Fed est menacée », conclut Scott Lincicome, expert au Cato Institute.
(Reportage Michael S. Derby, Howard Schneider, version française Corentin Chappron, édité par)
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