Une famille chrétienne s’enfuit in extremis
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Les Grigoryan sont une famille chrétienne qui menaient une vie paisible au Haut-Karabakh. En septembre 2023, ils ont tout juste réussi à fuir de chez eux avant l’invasion de l’Azerbaïdjan. Ils ont trouvé refuge dans le village arménien de Torosgyuh.
La famille chrétienne Grigoryan habitait dans le village de Kochoghot. Depuis le 12 décembre 2022, la vie devenait de plus en plus difficile en raison du blocus du corridor de Latchine par l’Azerbaïdjan, le seul lien avec le monde extérieur. Mais c’est le 19 septembre 2023 que le soleil d’automne s’est définitivement assombri sur Kochoghot… au moment où les premiers coups de feu des envahisseurs azerbaïdjanais ont retenti.
Kamo, sa femme Nune et leurs trois fils n’ont pas paniqué. Il faut dire qu’ils étaient habitués depuis longtemps aux tirs ennemis : « Nous sommes restés toute la journée dans nos maisons en attendant la fin des attaques. Mais cette fois-ci, les tirs s’intensifiaient sans cesse. Finalement, le maire a frappé à notre porte et nous a dit que nous devions quitter notre maison. »
Victimes du pillage
Comme tous les autres, les Grigoryan n’ont pas le temps d’emporter quoi que ce soit. Le cœur lourd, Kamo sort le bétail de l’étable et nourrit ses cochons pour la dernière fois avant de monter avec sa famille dans un bus en direction de l’Arménie. « C’était vraiment le dernier moment : moins de deux heures plus tard, des soldats azerbaïdjanais sont entrés dans nos maisons pour les piller », raconte Kamo.
Mais les épreuves ne sont pas terminées pour eux : « Dans notre bus plein à craquer, alors que nous traversions la ville de Chouchi, la personne qui se trouvait juste à côté de nous est morte sous nos yeux. »
Un abri provisoire
La fuite dure plusieurs jours avant d’arriver dans la ville de Goris, au sud-est de l’Arménie. Depuis là, les Grigoryan sont conduits à Gyumri, puis au camp de Torosgyuh, au nord-ouest du pays. Il s’agit d’une structure mise en place par Caritas Arménie, les partenaires de CSI, qui accueille environ cent cinquante Arméniens déplacés du Haut-Karabakh.
« Pour l’instant, le nombre de résidents est très instable. De nombreux arrivants contactent leurs proches en Arménie pour se réfugier chez eux. D’autres familles vont de village en village pour trouver un logement bon marché, raconte Mkrtich Babayan, responsable du camp de déplacés. Pour notre part, nous offrons un minimum de confort à ceux qui sont démunis : des chambres chauffées et une salle de bain par famille. Des installations communes sont également disponibles. Les résidents reçoivent trois repas par jour. En cas de besoin, tous sont soignés gratuitement à l’hôpital le plus proche. La plupart des enfants vont même à l’école. »
Nune Grigoryan admet que sa famille se porte bien dans le camp, « mais nous ne voulons pas rester longtemps ici. Mon mari est à la recherche d’un travail d’agriculteur dans les villages environnants. Chez nous, au Haut-Karabakh, nous avons dû dire adieu à nos cochons, mais il aimerait travailler à nouveau avec des animaux et mener une vie comme avant notre expulsion. Que pouvons-nous faire d’autre ? » Pour le reste, la famille de cinq personnes n’a pas d’autre souhait que de pouvoir vivre en paix.
CSI soutient les personnes déplacées du Haut-Karabakh dans leur recherche d’emploi et d’un logement en Arménie.
Reto Baliarda