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L’Iran accélère sur l’uranium en marge de la guerre à Gaza, avant la présidentielle américaine

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par John Irish, Arshad Mohammed et Francois Murphy

PARIS/WASHINGTON/VIENNE (Reuters) – Les Etats-Unis et leurs alliés ne disposent plus que d’un champ d’action restreint pour freiner les avancées du programme nucléaire de l’Iran, alors que les pourparlers sont depuis longtemps dans une impasse et que des sanctions plus strictes contre Téhéran pourraient enflammer des tensions régionales déjà vives avec la guerre à Gaza.

A un an de l’élection présidentielle américaine de novembre 2024, qui limite la marge de manoeuvre de Washington, quatre diplomates en fonction et trois anciens diplomates ont dressé un tableau sombre des efforts destinés à contrôler le programme nucléaire iranien, dont un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a souligné les avancées constantes.

D’après l’un des deux rapports confidentiels de l’AIEA cette semaine que Reuters a pu consulter, l’Iran dispose d’une quantité suffisante d’uranium enrichi à 60% – soit un seuil proche du grade militaire – pour fabriquer trois bombes. Les puissances occidentales estiment qu’un tel seuil n’est pas destiné à un usage civil.

Le stock iranien d’uranium continue de croître, indique le rapport de l’agence onusienne, alors même que Téhéran a toujours nié vouloir se doter de l’arme nucléaire.

Après l’échec des pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l’Iran destinés à ramener les deux pays dans l’accord international de 2015, remis en cause par l’ex-président américain Donald Trump en 2018, l’actuel locataire de la Maison blanche, Joe Biden, ne dispose désormais même plus de la possibilité de sceller une « entente » informelle avec Téhéran, du fait du conflit à Gaza, qui a alimenté les tensions.

Washington soutient son allié Israël dans la guerre qu’il livre dans l’enclave palestinienne face au Hamas, lequel dispose de l’appui de Téhéran.

« PARALYSIE »

« Il y a une sorte de paralysie, en particulier parmi les Américains (…) parce qu’ils ne veulent pas ajouter de l’huile sur le feu », a déclaré un diplomate européen de haut rang, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

D’éventuelles négociations destinées à parvenir à une « entente » avec l’Iran, pour qu’il limite ses travaux nucléaires, impliqueraient des concessions de la part de Washington, comme un allègement des lourdes sanctions contre Téhéran.

Cela paraît inconcevable depuis l’attaque lancée par le Hamas en Israël le 7 octobre et l’offensive dans la bande de Gaza menée en réponse par l’armée israélienne. En marge du conflit, des groupes armés alignés sur l’Iran ont lancé, selon le Pentagone, des dizaines d’attaques de drones et de missiles contre des positions de l’armée américaine en Irak et en Syrie.

En parallèle, le contexte aux Etats-Unis limite la marge de manoeuvre de l’administration de Joe Biden, qui brigue une réélection en novembre prochain et devrait de nouveau être opposé à Donald Trump, lequel pourrait se servir d’une quelconque entente avec l’Iran pour la présenter comme une faiblesse de son rival.

« Dans l’environnement actuel, il n’est tout simplement pas faisable sur le plan politique de chercher un arrangement avec l’Iran sur la question nucléaire », a commenté Robert Einhorn, un ancien représentant du département d’Etat américain.

« Le débat politique ne va pas se situer autour de négociations avec l’Iran, mais sur l’affrontement avec l’Iran », a-t-il déclaré.

Après le déclenchement de la guerre à Gaza, les Etats-Unis ont déployé deux porte-avions et des renforts aériens en Méditerranée orientale, en partie pour envoyer un avertissement à l’Iran.

Des représentants américains répètent toutefois que Washington ne veut pas une escalade du conflit et appellent les mouvements armés proches de Téhéran à ne pas s’en mêler.

ENTRAVES À LA SURVEILLANCE DE L’AIEA

Les Etats-Unis et leurs trois alliés européens signataires de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien – France, Grande-Bretagne et Allemagne – vont se focaliser sur la réunion du conseil des gouverneurs de l’AIEA, prévue la semaine prochaine, alors que les deux rapports transmis cette semaine par l’agence onusienne font état de progrès constants de Téhéran dans son programme nucléaire et d’entraves à la surveillance de l’AIEA.

Un accord conclu en mars dernier pour réinstaller sur des sites nucléaires iraniens des équipements de surveillance, dont des caméras, enlevés l’an dernier à la demande de Téhéran, n’a été que partiellement respecté.

L’AIEA a aussi été exaspérée par le retrait en septembre par l’Iran des autorisations accordées à certains de ses inspecteurs les plus expérimentés, empêchant de facto ceux-ci de travailler dans le pays.

En réaction, les puissances occidentales ont alors menacé d’adopter une résolution contraignante pour ordonner à l’Iran de revenir sur sa décision, l’une des sanctions les plus strictes dont dispose le conseil des gouverneurs de l’AIEA.

Quatre diplomates ont dit penser qu’une telle résolution était désormais peu probable, citant la nécessité d’éviter une escalade diplomatique et nucléaire avec Téhéran en marge du conflit entre Israël et le Hamas, qui focalise l’attention.

S’exprimant sous couvert d’anonymat, ces diplomates ont déclaré qu’il était davantage vraisemblable que soit adoptée une mesure moins spectaculaire, comme un communiqué non-contraignant qui menacerait l’Iran d’une action plus forte lors de la réunion suivante du conseil de l’AIEA, en mars prochain.

« Nous ne pouvons pas avoir de résolution », a déclaré le haut diplomate européen. « Si nous venions à adopter une résolution (…), cela pourrait pousser (les Iraniens) à bout », a-t-il ajouté, citant un uranium enrichi à 90%, soit le grade militaire.

Deux diplomates ont estimé que rien ne pourrait être fait dans les prochains mois à part soutenir les efforts du directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, pour renforcer la surveillance du programme nucléaire iranien. Rafael Grossi cherche à faire rétablir d’ici la fin de l’année l’autorisation de ses inspecteurs à travailler en Iran.

« Il est trop prématuré de dire si l’Iran va devenir un Etat nucléaire ou s’il va rester un Etat-seuil comme maintenant », a déclaré un diplomate. « Mais pour le moment il va continuer d’enrichir (de l’uranium) ».

(Reportage John Irish à Paris, Francois Murphy à Vienne et Arshad Mohammed à Washington; rédigé par Jean Terzian, édité par Bertrand Boucey)

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