Berlin veut revoir à la baisse le congé paternité pour les hauts salaires
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Riham Alkousaa
BERLIN (Reuters) – Le gouvernement allemand a approuvé mercredi un projet de loi visant à baisser les allocations de congé paternité pour les salaires les plus élevés dès l’an prochain, alors que Berlin est en période de restrictions budgétaires et confronté à une inflation galopante.
Pour rentrer dans le plan budgétaire du ministère des Finances pour 2024, le ministère de la Famille a proposé de réduire de moitié le plafond de revenu annuel des couples éligibles à une indemnité de congé de paternité à 150.000 euros contre 300.000 euros auparavant.
Le revenu moyen par foyer est de 60.000 euros en Allemagne.
La mesure devrait toucher 50.000 parents, soit 5% de l’ensemble des allocataires, et permettrait d’économiser 290 millions d’euros l’an prochain, selon le ministère de la Famille.
Le gouvernement entend imposer des restrictions budgétaires à tous les ministères sauf celui de la Défense.
Cette mesure, accompagnée d’autres mesures d’austérité, sont intégrées dans la loi de finances que le gouvernement veut dévoiler d’ici à la mi-août.
Le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, n’a pas totalement la main sur le budget fédéral avant décembre.
Mais la coupe dans les indemnités de congé paternité a été critiquée et vue comme un signal négatif dans l’égalité des genres qui pousse les femmes, qui gagnent traditionnellement moins que leur partenaire, à être totalement dépendante d’eux durant la première année de leur congé maternité et décourage les hommes à s’occuper de leur enfant en restant à la maison.
« On ne peut pas rompre les rôles de genres traditionnels comme ça », a dit à Reuters Beate von Miquel, à la tête du Conseil des femmes allemandes.
L’Allemagne a introduit des mesures en 2007 pour relancer la natalité, notamment chez les femmes les plus instruites, offrant aux nouveaux parents des allocations à hauteur de 65% de leur salaire mensuel et jusqu’à 1.800 euros par mois, pendant une période pouvant s’étendre à quatorze mois.
Dorothee Baer, du parti conservateur d’opposition CSU, a remis en cause les estimations du ministère de la Famille alors qu’une pétition en ligne contre la réduction des allocations a recueilli plus de 390.000 signatures depuis sa création lundi.
« Beaucoup vont aussi se demander s’ils pourront se permettre d’avoir un deuxième enfant ou plus d’enfants dans de telles circonstances », affirme-t-elle.
Les indemnités de congé paternité et le développement du secteur de la garde d’enfants sont les principales raisons qui ont fait passer le taux de fertilité de l’Allemagne de 1,3 à 1,5 aujourd’hui, affirme Martin Bujard, de l’Institut fédéral pour la Recherche en population.
« Près de 30% des femmes instruites n’avaient pas d’enfant avant cette loi. Le nombre a baissé à 25% depuis », indique-t-il.
Pour autant, cette baisse des indemnités ne devrait pas provoquer une chute spectaculaire du nombre de naissances car peu de personne sont concernées par cette mesure, pense Martin Bujard, qui ajoute que les difficultés à faire garder son enfant reste la principale source de dissuasion pour les femmes qui travaillent.
(Reportage par Riham Alkousaa; version française Zhifan Liu)