Novak Djokovic: « le Kosovo, c’est le coeur de la Serbie »
Le Comité olympique du Kosovo a demandé mercredi au Comité international olympique (CIO) d’ouvrir une procédure disciplinaire contre le joueur de tennis serbe Novak Djokovic, qu’il accuse d’avoir attisé les tensions politiques en déclarant lundi que « le Kosovo, c’est le coeur de la Serbie ».
L’ancien numéro un mondial a écrit ce message controversé sur une caméra après sa victoire au premier tour de l’Open de France à Roland-Garros, le jour où 30 soldats de la force d’interposition de l’Otan ont été blessés lors de heurts avec des manifestants serbes à Zvecan, ville du nord du Kosovo dont son père est originaire.
Novak Djokovic a par la suite justifié son initiative par son sens de « la responsabilité », tout en insistant sur le fait qu’il a appelé à mettre fin à la violence et en disant refuser d’entrer « dans des débats politiques ».
« Je ressens la responsabilité en tant que personnalité publique et en tant que fils d’un homme né au Kosovo d’apporter mon soutien », a-t-il déclaré.
Cette explication n’a pas convaincu les autorités du Kosovo, qui ont rappelé que ce n’est pas la première fois que Novak Djokovic se prononce publiquement contre l’indépendance de l’ancienne province yougoslave à majorité albanophone, qui s’est séparée de la Serbie en 1999 au terme d’une guerre.
« Novak Djokovic a une nouvelle fois assuré la promotion de la propagande nationaliste serbe et il a utilisé une tribune sportive pour le faire », a dénoncé le président du Comité olympique du Kosovo (KOK), Ismet Krasniqi.
« Les nouvelles déclarations d’après-match faites par une telle personnalité publique, sans exprimer aucun remord, ont pour conséquence directe d’augmenter le niveau de tension et de violence entre les deux pays », a-t-il ajouté, exhortant le CIO à ouvrir une procédure disciplinaire.
Le CIO n’a pas immédiatement répondu aux sollicitations de Reuters pour savoir s’il allait donner suite à cette demande, à un an des Jeux olympiques de Paris.
« IL NE FAUT PAS QUE CELA RECOMMENCE »
En prenant position de la sorte, Novak Djokovic a aussi commis une entorse à la charte éthique de l’Open de France qui proscrit l’expression des « opinions religieuses ou politiques », même si la Fédération française de tennis (FFT) a réagi mardi à la polémique naissante avec retenue, disant notamment trouver « compréhensible » que l’actualité internationale puisse parfois s’inviter « en marge du tournoi ».
La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castera, qui dirigeait auparavant la FFT, s’est montrée beaucoup plus sévère mercredi, jugeant le message délivré par l’actuel troisième joueur mondial « très politique » et « pas approprié ».
« Il ne faut pas que cela recommence », a-t-elle dit sur France 2, sans pour autant laisser entendre qu’une sanction pourrait être prise contre Novak Djokovic.
« Il y a un principe de neutralité du terrain de jeu (…) Quand on porte des messages qui sont de la défense des droits de l’homme, des messages qui rapprochent les peuples autour de valeurs universelles, un sportif est libre de le faire. Mais quand il s’agit d’un message militant, très politique, comme celui du joueur serbe, il ne faut pas que cela se reproduise », a-t-elle insisté.
Novak Djokovic, qui convoite un 23e titre du Grand Chelem, doit disputer son match du deuxième tour contre le Hongrois Marton Fucsovics mercredi après-midi à Roland-Garros.
L’Otan, dont 4.000 soldats sont basés au Kosovo, a annoncé de son côté l’envoi de 700 soldats supplémentaires pour tenter de mettre fin à la récente flambée de violences, provoquée par le refus de la minorité serbe de voir des maires albanophones prendre leurs fonctions dans des villes où elle est majoritaire, au terme d’élections qu’elle avait choisi de boycotter.
(Rédigé par Karolos Grohmann à Paris et Rohith Nair à Bangalore, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)
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