Les combats continuent au Soudan malgré le cessez-le-feu
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Les factions militaires rivales au Soudan se sont mutuellement accusées dimanche de nouvelles violations du cessez-le-feu alors que le conflit meurtrier dans lequel elles sont engagées continue pour une troisième semaine malgré les mises en garde contre un risque de guerre civile et de catastrophe humanitaire.
L’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah el Bourhan et les Forces de soutien rapide (FSR), unité paramilitaire sous les ordres du général Mohamed Hamdan Dagalo, ont annoncé qu’un accord de cessez-le-feu, qui devait expirer à minuit, était prolongé de 72 heures, en réponse, selon les FSR, « aux appels internationaux, régionaux et locaux ».
Mais l’armée a dit penser que le camp rival comptait poursuivre leurs attaques.
Les deux forces, alliées lors du coup d’Etat militaire mené en 2021, s’affrontent depuis le 15 avril à Khartoum et dans le reste du pays. Elles ne sont pas parvenues à s’entendre lors de négociations sur l’intégration des FSR au sein de l’armée régulière.
Cette dernière a déclaré qu’elle avait détruit des convois de FSR se dirigeant vers Khartoum depuis l’ouest du pays et que la police de réserve centrale avait commencé à se déployer dans le sud de la capitale.
Les combats ont obligé des dizaines de milliers de personnes à fuir le pays et font craindre une plus grande déstabilisation de la région.
Les Etats-Unis ont envoyé un navire de la marine pour l’évacuation de ressortissants, ont déclaré deux responsables américains, tandis que le Royaume-Uni a annoncé qu’elle avait organisé pour lundi un vol supplémentaire d’évacuation depuis la ville côtière de Port-Soudan.
Soulignant les « conditions dangereuses » dans le pays, le Canada a annoncé mettre fin à ses vols d’évacuation.
« Il n’y a pas de négociations directes mais des préparatifs pour des discussions », a déclaré Volker Perthes, l’émissaire spécial de l’Onu au Soudan, à des journalistes.
Il avait déclaré samedi à Reuters que les belligérants étaient plus ouverts aux négociations qu’auparavant, en ajoutant espérer une réunion dès que possible entre les représentants des deux parties afin de « parvenir à un cessez-le-feu organisé assorti d’un mécanisme de surveillance ».
Alors que les Nations unies signalent que seuls 16% des établissements de santé de Khartoum fonctionnent normalement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a acheminé huit tonnes d’aide médicale.
« Les personnels de santé au Soudan font l’impossible, soignant les blessés sans eau, sans électricité et sans fournitures médicales de base », a déclaré Patrick Youssef, directeur régional du CICR pour l’Afrique.
Au moins cinq travailleurs humanitaires ont été tués dans les combats.
Un tiers des 46 millions d’habitants du Soudan avaient besoin d’une aide humanitaire avant le début des combats.
Au moins 528 personnes ont été tuées et 4.599 blessées, selon le ministère de la Santé, mais l’Onu estime que le bilan réel est bien plus lourd.
(Khaled Abdelaziz et Eltayeb Siddig à Soudan, Aidan Lewis, Nafisa Eltahir et Hatem Maher au Caire, Gilles Guillaume et Laetitia Volga pour la version française)