Renault se divise en cinq pour répondre aux multiples défis de l’automobile
par Gilles Guillaume et Silvia Aloisi
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PARIS (Reuters) – Renault a annoncé mardi une profonde réorganisation pour faire face à la révolution électrique et technologique que traverse l’industrie automobile, en se divisant en cinq entités autonomes ouvertes à des partenaires, notamment pour ses activités électriques et ses actifs historiques dans le thermique.
Le groupe au losange prévoit également de créer un équipementier spécialisé dans les motorisations thermiques et hybrides détenu pour moitié par le chinois Geely et d’introduire en Bourse fin 2023 son entité de véhicules électriques, sa future pépite grâce à laquelle il espère revenir dans la course à l’électrification.
Le constructeur automobile français, qui n’a en revanche pas encore trouvé d’accord avec son partenaire japonais Nissan sur la question sensible du partage des technologies, compte atteindre une marge opérationnelle supérieure à 8% en 2025 et de plus de 10% en 2030, contre 3,6% en 2021 et au moins 5% attendu cette année.
« Nous créons des activités indépendantes, centrées sur des activités plus profitables, ouvertes à des investissements extérieurs, chacune bâtie autour d’un ensemble de technologies propres », a déclaré le directeur général Luca de Meo au cours d’un « Capital Market Day » très attendu par les investisseurs, organisé sur les bords de Seine à Paris.
Après un free cash flow opérationnel de l’automobile attendu à plus de 1,5 milliard d’euros cette année, Renault l’espère à plus de deux milliards par an en moyenne sur 2023-2025 et à plus de trois milliards sur les cinq années suivantes – dont 500 millions environ provenant chaque année de Mobilize Financial Services.
Après trois années sans dividende, Renault prévoit aussi de reprendre le versement d’un paiement aux actionnaires dès l’an prochain.
« L’objectif de 8% de marge est conservateur, mais constitue une vraie marche d’escalier en regard de 25 ans de profitabilité sans relief chez Renault », commente Stifel dans une note.
LE MARCHÉ RESTE SUR SA FAIM SUR NISSAN
L’action Renault perdait malgré tout 3,5% en fin de séance à la Bourse de Paris, des analystes soulignant le manque de précision sur les discussions avec Nissan concernant l’avenir de l’alliance.
Une participation capitalistique de Nissan dans Ampère est en effet toujours « à l’étude » et Luca de Meo a déclaré à plusieurs reprises que les discussions pourraient aboutir d’ici quelques semaines.
Selon des personnes proches des discussions, les négociations entre les deux partenaires devraient durer au-delà du 15 novembre, date d’une rencontre au Japon entre des administrateurs de Renault, Nissan et Mitsubishi.
Le président de Renault, Jean-Dominique Senard, avait impulsé ce type de rencontres, interrompu par la pandémie de coronavirus, mais dans le contexte actuel, le rendez-vous aurait pu constituer une opportunité pour l’annonce d’un accord, sur Ampère comme sur un rééquilibrage capitalistique de l’alliance fondée vingt ans plus tôt.
Dans la course à l’électrification où s’est engagée l’industrie automobile, Renault reste en situation plus fragile que nombre de ses concurrents.
Le groupe, qui a renoué l’an dernier avec un bénéfice après deux années de pertes, affiche toujours par exemple une rentabilité très en deçà de la marge à deux chiffres de Stellantis.
Et le plan d’investissement de 23 milliards d’euros de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi, qui plus est aujourd’hui à la croisée des chemins puisque des « améliorations structurelles » son toujours à l’étude, est inférieur de moitié à celui de Volkswagen.
« Nous avons l’intention de nous positionner plus rapidement et plus fort que la concurrence sur les nouvelles chaînes de valeur de l’automobile: véhicule électrique, software, nouvelles mobilités et économie circulaire », a ajouté dans le communiqué le directeur général Luca de Meo.
UN MILLION DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES EN 2031
Précurseur de la voiture à batterie avec Nissan, Renault s’est vu supplanter par des nouveaux venus comme Tesla.
Il aimerait revenir dans la bataille grâce à sa nouvelle entité électrique Ampère, définie comme le « premier pure player électrique et software né de la disruption d’un constructeur automobile traditionnel ». Cette activité, dont il conservera une forte majorité, produira environ un million de véhicules électriques pour la marque au losange en 2031, sera introduite en Bourse au plus tôt après l’été 2023 et accueillera des investisseurs stratégiques potentiels.
Outre Nissan, Renault a cité Qualcomm Technologies , un des deux géants de la tech – l’autre est Google – avec lesquels il a noué des partenariats approfondis pour rester dans la course de la R&D sur l’architecture électronique des véhicules.
Alors que sa sortie forcée du marché russe est venue s’ajouter à la fin de l’expansion géographique des années Carlos Ghosn, Renault espère doubler sa taille et sa couverture de marché grâce à la création de l’équipementier de motorisations thermiques Horse, qui compte déjà huit clients dont les marques du groupe.
En conjuguant ses technologies essence et hybrides avec celles de Geely, Renault vise pour la nouvelle entité un chiffre d’affaires de plus de 15 milliards d’euros avec un accès nouveau à l’Amérique du Nord et à la Chine.
Outre Ampère, Renault disposera de quatre autres pôles d’activité: Alpine, sa marque de course automobile, Mobilize (autopartage et services financiers), une division dédiée au recyclage et enfin Power, la branche historique de véhicules thermiques et hybrides qui achètera ses moteurs et ses transmissions à la JV formée avec Geely.
(Gilles Guillaume, avec Laetitia Volga, édité par Tangi Salaün et Bertrand Boucey)
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