La chrétienne Giorgia Meloni, probable future présidente du Conseil italien
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Après la victoire aux législatives de son parti national-conservateur, la chrétienne Giorgia Meloni pourrait être la future présidente du Conseil italien.
À l’automne 2019, lors d’un meeting romain qui contribua à forger sa stature, Giorgia Meloni avait séduit la communauté chrétienne en scandant devant une foule conquise :
«Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne et vous ne me l’enlèverez pas !»
Giorgia Meloni, probable future présidente du Conseil italien, devra affronter d’importants défis sur la plan politique et économique après la victoire nette de son parti post-fasciste Fratelli d’Italia (Frères d’Italie) lors des élections législatives de dimanche.
Les résultats quasi définitifs donnent Fratelli d’Italia en tête des élections avec plus de 26% des voix, contre seulement 4% lors du dernière scrutin en 2018, supplantant la Ligue – créditée d’environ 9% des voix contre plus de 17% il y a un an – comme principale formation de droite.
L’alliance formée par Fratelli d’Italia, la Ligue et Forza Italia de Silvio Berlusconi, qui a recueilli près de 8% des suffrages, devrait bénéficier d’une solide majorité dans les deux chambres du Parlement après des années d’instabilité politique et de coalitions fragiles.
« Je m’attends à ce que, pendant au moins cinq ans, nous allions de l’avant sans aucun changement (…) en donnant la priorité aux choses que nous devons faire », a déclaré Matteo Salvini, le chef de file de la Ligue, qui entend rester à son poste malgré le faible score réalisé par son parti.
Ce résultat est le dernier succès en date de la droite en Europe après la victoire il y a deux semaines en Suède de l’alliance de droite incluant le parti extrémiste des Démocrates et les avancées du Rassemblement national en France lors des législatives de juin.
Romaine, âgée de 45 ans, Giorgia Meloni s’est efforcée de se défaire des racines post-fascistes de son parti, qu’elle compare plus volontiers aux Tories britanniques, et a axé sa campagne sur la lutte contre l’immigration et sur la baisse des impôts.
Dans un discours prononcé après l’annonce des résultats, Giorgia Meloni a adopté un ton conciliant.
« Si nous sommes appelés à gouverner ce pays, nous le ferons pour tous les Italiens, avec la volonté d’unir le peuple et de nous concentrer sur ce qui nous rapproche plutôt que sur ce qui nous divise », a-t-elle dit. « Le temps est venu d’être responsable. »
DES DOSSIERS DIFFICILES; UNE GAUCHE DÉSUNIE
Giorgia Meloni et ses alliés devront toutefois composer avec une situation économique difficile, qu’il s’agisse de l’envolée des coûts de l’énergie, de la dette publique, du risque de récession ou des retombées du conflit en Ukraine.
Malgré les discours de stabilité, la coalition se montre divisée sur certaines questions très sensibles comme l’attitude à adopter face à la Russie de Vladimir Poutine ou encore sur la manière de faire face à l’envolée des factures de l’énergie.
Le gouvernement de coalition, le 68e que connaîtra l’Italie depuis 1946, ne sera probablement pas constitué d’ici fin octobre et le président du Conseil sortant, Mario Draghi, assurera l’intérim.
Les partis de centre-gauche et centristes ont obtenu plus de voix que la droite mais ont été pénalisés par une loi électorale qui favorise les grandes alliances. Enrico Letta, le leader du Parti démocrate, a annoncé qu’il quitterait son poste.
« Mon leadership prendra fin dès que le congrès en aura désigné un remplaçant », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Enrico Letta – dont le parti a obtenu environ 19% des voix – a estimé que la victoire des droites s’expliquait par la décision du Mouvement 5 étoiles de retirer son soutien à la coalition dirigée par Mario Draghi en juillet dernier, poussant l’ancien président de la Banque centrale européenne vers la sortie.
Carlo Calenda, le leader du parti centriste « Action », a déclaré que « 70% du pays a choisi la voie du populisme ».
« C’est un choix dangereux pour le pays, un choix incertain, nous verrons si Giorgia Meloni sera capable de gouverner », a-t-il ajouté.
Le taux de participation est ressorti en baisse à 64% contre 73% il y a quatre ans.
(Reportage Elisa Anzolin à Milan, avec Crispian Balmer, Angelo Amante, Gavin Jones, Rodolfo Fabbri et Alvise Armellini à Rome; version française Camille Raynaud et Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)