La baisse des actions se poursuit, l’inflation alimente l’aversion au risque
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Wall Street est de nouveau attendue en baisse jeudi au lendemain de la chute des indices sur fond d’inquiétude sur la consommation aux Etats-Unis et les Bourses européennes reculent également à mi-séance, les investisseurs se montrant de plus en plus prudents face à l’envolée des prix et au risque de « stagflation » de l’économie.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,75% pour le Dow Jones, de 0,90% pour le Standard & Poor’s 500 et de 0,96% pour le Nasdaq :
À Paris, le CAC 40 recule de 1,62% à 6.250 vers 11h30 GMT. À Francfort, le Dax cède 1,5% et à Londres, le FTSE abandonne 2,34%.
L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 fléchit de 2,19%, l’EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,8% et le Stoxx 600 de 1,7%.
Comme Amazon et Walmart, le groupe américain de grande distribution Target a indiqué mercredi faire face à une hausse des prix, ce qui a amputé de moitié son bénéfice trimestriel, nourrissant les craintes d’une baisse de la consommation et d’un risque de récession alors que l’inflation évolue à des niveaux records.
En Europe, Tesco et Sainsbury avaient déjà indiqué le mois dernier prévoir une baisse de leurs bénéfices annuels en raison de l’inflation.
« Target et Walmart ont dévoilé des résultats vraiment décevants, qui font peur », commente Robert Alster, directeur des investissements chez Close Brothers Asset Management. « Nous allons désormais assister à une série de révisions à la baisse des prévisions du PIB américain (…) il semble vraiment que nous nous heurtons à un ralentissement plus rapide que prévu », a-t-il ajouté.
Goldman Sachs évalue à 35% le risque d’une récession dans les deux ans aux Etats-Unis et Morgan Stanley à 25% une telle probabilité dans les 12 mois.
Au risque de stagflation de l’économie s’ajoutent les inquiétudes sur la remontée rapide des taux d’intérêt, la guerre en Ukraine et le confinement en Chine, autant de facteurs qui continuent de favoriser l’aversion au risque.
Les stratèges de Barclays et de Goldman Sachs prévoient une poursuite de la baisse marchés américains au lendemain de la pire séance en deux ans des trois grands indices de Wall Street.
Depuis le début de l’année, le Stoxx 600 paneuropéen a perdu quelque 12%, le S&P-500 environ 18% et le Nasdaq, riche en valeurs technologiques, près de 27%.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Cisco Systems plonge de 12,5% en avant-Bourse après avoir revu à la baisse la prévision de croissance de son chiffre d’affaires pour cette année en raison de la guerre en Ukraine et du confinement en Chine.
VALEURS EN EUROPE
Dans le sillage de la chute de 25% de Target, les distributeurs européens Tesco et Sainsbury et Carrefour abandonnent encore jeudi de 1,7% à 4,8%.
Les groupes de grande consommation Nestlé et Unilever cèdent respectivement 5,2% et 4,4% tandis que le compartiment des boissons et de l’alimentation et celui de la distribution fléchissent de 3,4% et de 2,4%.
Dans l’actualité des entreprises, EDF recule de 0,8% après une nouvelle révision à la baisse de sa prévision de production d’énergie nucléaire, ce qui se traduira par un impact d’environ 18,5 milliards d’euros sur son excédent brut d’exploitation.
Sur le SBF 120, Vallourec plonge de 8,6% après l’annonce de la suppression de près de 3.000 postes dans le monde, tandis qu’Elior abandonne 4,2% à la suite d’une prise de participation minoritaire de Derichebourg (-13,9%) dans son capital, une opération jugée « surprenante » par les analystes de Portzamparc BNP Paribas.
Ailleurs en Europe, les résultats de l’assureur italien Generali (+1,2%) sont bien accueillis tandis que ceux du groupe de transport aérien EasyJet (-0,8%), marqués par une perte semestrielle, déçoivent.
TAUX
Le regain d’aversion au risque provoque une forte demande pour les obligations souveraines en Europe, ce qui fait monter leurs prix et baisser leurs rendements.
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence sur le marché européen, repasse sous les 1%, refluant de près de sept points de base à 0,9450%. Il n’a pas réagi dans l’immédiat à la publication du compte rendu de la Banque centrale européenne sur sa réunion d’avril, qui indique que certains membres ont estimé important d’agir sans délai afin de montrer la détermination du conseil des gouverneurs à atteindre la stabilité des prix. Aux Etats-Unis, le taux des Treasuries à dix ans cède plus de cinq points de base à 2,8298%.
CHANGES
Le dollar, qui avait enregistré d’importants gains dans les précédentes séances, recule jeudi de 0,50% face un panier de devises de référence malgré son statut d’actif refuge.
L’euro, en hausse de 0,61% à 1,0529 dollar, profite pour sa part des anticipations de hausse de taux, les marchés monétaires tablant actuellement sur un relèvement des taux de la Banque centrale européenne (BCE) d’environ 105 points de base d’ici la fin de l’année contre 95 points mardi.
PÉTROLE
Le marché pétrolier est pénalisé par les craintes d’un ralentissement de la croissance économique.
« La chute des actions sous la houlette du secteur de la grande distribution aux Etats-Unis suscite des inquiétudes quant à la croissance et, avec elle, la demande de carburants », explique Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.
Le Brent fléchit de 0,94% à 108,08 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 1,51% à 107,94 dollars.
(Reportage Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)
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