Les jeunes militants crient leur exaspération dans les rues de Glasgow
par William James, Elizabeth Piper, Lucy Marks et Natalie Thomas
GLASGOW (Reuters) – Des milliers de jeunes activistes ont défilé vendredi à Glasgow pour demander aux représentants des gouvernements mondiaux qui participent depuis lundi à la COP26 d’agir davantage contre le dérèglement climatique.
Les délégations présentes en Ecosse pour la conférence des Nations unies pour le climat ont déjà formulé une série d’engagements, sur le charbon, la déforestation ou encore la réduction des émissions de méthane mais des militantes comme l’Ougandaise Vanessa Nakate ou la Suédoise Greta Thunberg jugent ces promesses insuffisantes.
De nombreuses pancartes brandies vendredi par les jeunes manifestants traduisaient leur exaspération croissante face à des promesses jugées dilatoires alors que rapport après rapport, les experts soulignent que la planète court à la catastrophe si des mesures drastiques ne sont pas prises à court terme pour réduire la dépendance aux énergies fossiles.
« Vous n’en avez rien à faire, moi si! », disait une pancarte. « Si vous étiez plus malin, je serais à l’école », proclamait une autre, en écho au mouvement de « grève de l’école pour le climat » lancé par Greta Thunberg en 2018, qui lui a valu de nombreuses critiques des milieux climatosceptiques et conservateurs.
« Ce n’est plus une conférence sur le climat. C’est un festival de ‘greenwashing’ de l’hémisphère Nord. Une célébration pendant deux semaines du ‘business as usual’ et du blabla », a tweeté jeudi l’activiste suédoise.
Retardée d’un an en raison de la pandémie de COVID-19, la COP26 doit maintenir en vie l’espoir d’une limitation de la hausse de la température mondiale à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle, au-delà de laquelle les effets du changement climatique s’annoncent selon les experts d’une ampleur catastrophique.
Les engagements pris jusqu’ici – s’ils sont mis en oeuvre dans leur intégralité – pourraient permettre de limiter le réchauffement à 1,8°C, a affirmé jeudi le directeur de l’Agence internationale de l’énergie, Fatih Birol. Mais cette évaluation a été jugée exagérément optimiste par certains négociateurs de l’Onu.
L’ancien vice-président américain Al Gore et le président britannique de la COP26, Alok Sharma, devaient débattre au cours de la journée avec des représentants de la société civile des mesures entérinées jusqu’ici et de celles qui restent à prendre d’ici la fin de la conférence la semaine prochaine.
Alok Sharma a reconnu vendredi que les résultats n’étaient pas à la hauteur des attentes pour le moment, et appelé les négociateurs à mettre les bouchées doubles.
« Il n’est pas possible qu’il reste autant de sujets non résolus lors de la deuxième semaine », a-t-il dit.
« Le climat de la planète change. Pourquoi pas nous? », a semblé lui répondre la pancarte d’un jeune manifestant dans les rues de Glasgow.
L’ONG Arctic Basecamp, qui réunit des scientifiques, a convoyé un iceberg de quatre tonnes du Groenland jusqu’à l’Ecosse afin d’alerter sur l’ampleur du réchauffement dans la région.
« Les études montrent que si nous perdons la neige et la glace dans l’Arctique, nous augmenterons de 25 à 40% le réchauffement mondial », a déclaré Gail Whiteman, professeur d’université et fondatrice du collectif. « Nous avons pensé que les négociateurs devaient se retrouver face à face avec l’Arctique, alors nous avons apporté cet iceberg. »
(Reportage de William James, Elizabeth Piper, Katy Daigle, Lucy Marks et Natalie Thomas; version française Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)