Le retrait américain d’Afghanistan relance l’idée d’une force d’intervention rapide européenne
par Robin Emmott et John Chalmers
LJUBLJANA, Slovénie (Reuters) – Le retrait chaotique des forces occidentales d’Afghanistan a mis en évidence la nécessité que l’Union européenne (UE) soit capable de lancer des interventions militaires en situation de crise sans avoir à dépendre des forces américaines.
Plus de deux décennies après le conseil européen de décembre 1999 à Helsinki, au cours duquel les dirigeants européens avaient validé la mise en place avant 2003 d’une force terrestre de réaction rapide et de capacités de soutien dans des opérations pouvant aller jusqu’à 50.000 à 60.000 hommes, cet objectif ne s’est toujours pas concrétisé.
Il revient ce mercredi sur le métier, à l’occasion d’une réunion informelle des ministres de la Défense des Etats membres de l’UE à Ljubljana, capitale de la Slovénie qui assure actuellement la présidence tournante de l’UE.
Les Vingt-Sept ont décidé en mai dernier lors d’un conseil des ministres de la Défense de valider un accord sur les contours d’une future « force de première entrée » d’environ 5.000 hommes en mars 2022, lors de la présidence française de l’UE.
Un projet de proposition sur ce thème devrait être soumis en novembre prochain.
Ce nouvel élan en faveur d’une capacité d’intervention européenne, notamment relancé par la situation à Kaboul ces dernières semaines, pourrait cependant vite s’essouffler sans accord du bloc sur un mécanisme de prise de décision rapide pour le déploiement des troupes.
La France, l’Allemagne mais aussi, hors UE, le Royaume-Uni auraient souhaité pouvoir prolonger leurs opérations d’évacuations depuis l’aéroport de Kaboul dans le sillage de la prise de la capitale par les taliban mi-août, mais ont dû s’adapter au calendrier de retrait des troupes américaines, qui assuraient la sécurité du site.
« AUTONOMIE »
« Nous n’avons pas besoin qu’un autre événement géopolitique du même type survienne pour comprendre que l’UE doit faire tout son possible pour accentuer son autonomie dans la prise de décision et augmenter sa capacité d’action à travers le monde », a déclaré mercredi le président du Conseil européen, Charles Michel, à l’occasion du Forum stratégique de Bled, du nom de la ville slovène accueillant cette conférence annuelle.
Un point de vue déjà défendu par le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrell.
« Nous devons tirer les leçons de cette expérience (…) puisque les Européens n’ont pas été capables de déployer 6.000 soldats pour sécuriser la zone de l’aéroport de Kaboul, comme les Etats-Unis l’ont fait », a-t-il déclaré dans un entretien publié lundi par le quotidien italien Corriere della Sera.
L’UE dispose déjà depuis 2007 d’un dispositif opérationnel de ce type: les « Groupements tactiques » européens (GT ou « battle groups » en anglais), des unités mono- ou multinationales de 1.500 hommes disponibles en permanence par rotation et pouvant être déployées en deux semaines sur un terrain de crise.
Le lancement d’une opération mobilisant les GT nécessite l’unanimité parmi les Vingt-Sept ainsi que, le plus souvent, une autorisation via une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu.
Autant d’obstacles qui ont empêché des déploiements au Tchad et en Libye par le passé, sans compter que la question du financement reste problématique. Dans les faits, ils n’ont jamais été utilisé depuis leur création.
Pour Niklas Novaky, spécialiste de la Défense européenne au Centre d’études européennes Wilfred Martens, à Bruxelles, l’une des solutions pour contourner cette difficulté pourrait être de décomposer ces groupements tactiques en unités plus petites, donc plus flexibles et plus faciles à déployer.
« Sinon ça revient à jouer à la roulette, parce qu’actuellement il faut qu’un groupement tactique soit dirigé par un Etat membre ayant un intérêt spécifique dans la crise du moment », a-t-il résumé.
LA GESTION DES URGENCES DÉLAISSÉE
Un haut responsable européen a refusé de donner des précisions sur le statut actuel des GT. Aucune information à leur sujet n’a été rendue publique depuis plusieurs années.
Les initiatives pour développer une politique européenne de défense commune ont déjà été aiguillonnées ces dernières années par la politique étrangère américano-centrée du précédent président des Etats-Unis Donald Trump, ainsi que par l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie en 2014.
En 2017, 23 pays européens – dont la France et l’Allemagne – ont signé un pacte d’intégration des politiques de défense prévoyant une coordination pour le financement, le développement du matériel militaire et les déploiements de troupes. Mais là encore, la mise en place effective prend du temps.
Autre initiative commune en matière de défense européenne, le projet « mobilité militaire », qui vise à permettre un déplacement rapide et sans entrave du personnel et des moyens militaires sur tout le territoire de l’UE – par exemple en cas de conflit avec la Russie.
L’UE a autorisé en mai dernier l’association du Canada, de la Norvège et des Etats-Unis à ce projet, une ouverture alors saluée par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.
Mais la priorité accordée à la mise en place de capacités militaires communes a occulté la question de la gestion des crises dans l’urgence.
« Le problème central est la volonté politique », estime Carlo Masala, expert en relations internationales à l’université militaire de la Bundeswehr à Munich.
« Vous pouvez avoir 50.000 ou 60.000 hommes et femmes parfaitement entraînés pour ce type de situations. Mais s’il n’y a pas de volonté politique, cela ne fonctionnera pas ».
(Avec la contribution de Sabine Siebold, rédigé par Robin Emmott; version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)
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