Des dizaines de morts dans un attentat à Kaboul, dont 12 Américains
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Un double attentat suicide revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique a fait jeudi des dizaines de morts à l’une des portes de l’aéroport de Kaboul, dont douze soldats américains que le président Joe Biden a promis de venger, alors que les opérations d’évacuation battaient leur plein.
Les kamikazes ont fait exploser leurs bombes au milieu de la foule massée devant Abbey Gate, a dit le chef du commandement central de l’armée américaine. Une fusillade a ensuite éclaté, a ajouté le général Frank McKenzie qui s’exprimait par lien vidéo pendant une conférence de presse au Pentagone.
Les services de santé afghans ont fourni un bilan d’au moins 60 morts. Des vidéos de la scène de l’attaque qui montrent des dizaines de corps ensanglantés sur le sol ou flottant dans l’eau d’un canal adjacent font cependant craindre un bilan encore plus lourd.
Les attaques ont fait 12 morts et 15 blessés dans les rangs des « Marines », a précisé le général McKenzie en déplorant qu’une « faille » ait permis à l’un des kamikazes de venir au contact des soldats américains, qui s’apprêtaient à le fouiller quand il a déclenché son gilet explosif.
En dépit de ces pertes, les premières pour l’US Army en Afghanistan depuis le mois de février et les plus lourdes depuis un crash d’hélicoptère abattu par les taliban en août 2011, les opérations d’évacuation « vont se poursuivre » dans les prochains jours à Kaboul, a assuré le général McKenzie.
Selon lui, un millier d’Américains restent à rapatrier en plus des milliers de soldats encore présents à Kaboul pour sécuriser l’aéroport.
Très critiqué depuis la prise de la capitale afghane par les taliban, qui a précipité ces évacuations chaotiques depuis une dizaine de jours, Joe Biden a salué les « héros » américains « qui ont sacrifié leur vie » à Kaboul « au service de la liberté, de la sécurité et de l’Amérique ».
« NOUS NE PARDONNERONS PAS », DIT BIDEN
« Nous ne pardonnerons pas, nous vous traquerons sans relâche et nous vous ferons payer le prix » de ces morts, a lancé le président des Etats-Unis aux auteurs des attentats au cours d’une allocution à la Maison blanche.
Alors que son prédécesseur, Donald Trump, qui avait conclu avec les taliban l’accord de retrait des troupes américaines, a dénoncé « une tragédie qui n’aurait jamais dû avoir lieu », Joe Biden a assuré qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des Américains encore sur place.
« Les évacuations vont se poursuivre. Nous allons secourir les Américains et faire sortir nos alliés afghans », a martelé le président des Etats-Unis en rappelant qu’il était dans l’intérêt des taliban de ne pas entraver cette opération.
Le groupe Etat islamique a revendiqué l’attaque, qui visait selon lui un « rassemblement de traducteurs et de collaborateurs » de l’armée américaine près de l’aéroport, et avancé un bilan d’au moins 60 morts, dont des taliban, dans un message diffusé sur le compte Telegram de son organe de propagande Amaq.
Les taliban ont confirmé que plusieurs de leurs combattants qui surveillaient les accès à l’aéroport avaient été tués. La foule considérable massée aux portes de l’aéroport a empêché le mouvement islamiste de mettre en place des mesures de sécurité adaptées, a déclaré un porte-parole du bureau politique des taliban à Doha, au Qatar, à la chaîne Al Jazeera.
Le général McKenzie a rappelé que Washington s’attendait à une telle attaque « à un moment ou un autre » et avait appelé plus tôt dans la journée de jeudi les Afghans à éviter les abords de l’aéroport en raison de « menaces crédibles ».
L’officier américain a promis des « représailles » contre les commanditaires de ces attaques et évoqué une coordination avec les taliban pour les identifier. « Notre priorité immmédiate est d’éviter de nouveaux attentats », a-t-il toutefois ajouté.
PAS DE FRANÇAIS DANS LA ZONE DE L’ATTENTAT
Peu de temps après son intervention, des habitants de Kaboul ont dit avoir entendu une nouvelle forte détonation à proximité de l’aéroport. Il s’agissait d’une « explosion contrôlée » de munitions conduite par l’armée américaine, a précisé dans la foulée le porte-parole des taliban, Zabihullah Mujahid.
Saluant « l’héroïsme de celles et ceux qui sont sur le terrain pour mener à bien les opérations d’évacuation », le président français Emmanuel Macron a assuré que la France « mènera(it) à leur terme et maintiendra(it) dans la durée l’action humanitaire et de protection des Afghans menacés ».
En visite à Dublin plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait déploré que la situation se soit « profondément dégradée autour de l’aéroport » de Kaboul.
« Nous avons 20 bus avec des ressortissants binationaux et plusieurs personnes afghanes en danger que nous souhaitons pouvoir rapatrier », a-t-il déclaré.
« Plusieurs de ces bus sont dans la file d’attente qu’il y a dans la zone à l’extérieur de l’aéroport. Nous allons faire le maximum pour ces personnes que nous avons pu prendre en charge mais qui ne sont pas arrivées dans l’enceinte de l’aéroport », a ajouté le chef de l’Etat.
L’ambassadeur de France en Afghanistan, David Martinon, a indiqué sur Twitter qu’aucun ressortissant français ne se trouvait près du lieu des explosions.
Après 20 ans d’une guerre entamée au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les Etats-Unis et leurs alliés achèvent leur retrait d’Afghanistan où les taliban ont pris le pouvoir le 15 août, amenant les pays occidentaux à évacuer en urgence leurs ressortissants et leurs collaborateurs afghans.
La Maison blanche a indiqué jeudi que 95.700 personnes avaient été évacuées ces dix derniers jours, dont 13.400 mercredi.
(Bureaux de Reuters, rédigé par Stephen Coates, Robert Birsel, Nick Macfie et Peter Graff ; version française Tangi Salaün)